Page:Alphonse de Candolle - Origine des plantes cultivées, 1883.djvu/87

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
73
LÉGUMES. — PERSIL. — ACHE. — MACHE. — ARTICHAUT

plus tard Dioscoride[1] dit qu’on en mangeait la racine ou les feuilles, à volonté, ce qui fait supposer une culture. Les Latins l’appelaient Olus-atrum, Charlemagne Olisatum, et il ordonnait d’en semer dans ses fermes[2]. Les Italiens l’ont beaucoup employée, sous le nom de Macerone[3]. A la fin du XVIIIe siècle, la tradition existait en Angleterre que cette plante était jadis cultivée ; ensuite les horticulteurs anglais ou français n’en parlent plus[4].

Le Smyrnium Olus-atrum est spontané dans toute l’Europe méridionale, en Algérie, en Syrie et dans l’Asie Mineure[5].

Mâche ou Doucette. — Valerianella olitoria, Linné.

Cultivée fréquemment pour salade, cette plante annuelle, de la famille des Valérianées, se trouve à l’état spontané dans toute l’Europe tempérée jusqu’au 60e degré environ, dans l’Europe méridionale, aux îles Canaries, Madère et Açores, dans le nord de l’Afrique, l’Asie Mineure et les environs du Caucase[6]. Elle y est souvent dans les terrains cultivés, aux abords des villages, etc., ce qui rend assez difficile de savoir où elle existait avant d’être cultivée. On la cite cependant, en Sardaigne et en Sicile, dans les prés et pâturages de montagnes[7]. Je soupçonne qu’elle est originaire de ces îles seulement, et que partout ailleurs elle est adventive ou naturalisée. Ce qui me le fait penser, c’est qu’on n’a découvert chez les auteurs grecs ou latins aucun nom qui paraisse pouvoir lui être attribué. On ne peut même citer, d’une manière certaine, aucun botaniste du moyen âge ou du XVIe siècle qui en ait parlé. Il n’en est pas question non plus parmi les légumes usités en France au XVIIe siècle, d’après le Jardinier français de 1651 et l’ouvrage de Laurenberg, Horticultura (Francfort, 1632). La culture et même l’emploi de cette salade paraissent donc modernes, ce qui n’avait pas été remarqué.

Cardon. — Cynara Cardunculus, Linné.

Artichaut. — Cynara Scolymus, Linné. — C. Cardunculus, var. sativa, Moris.

Depuis longtemps, quelques botanistes ont émis l’idée que

  1. Theophrastes, Hist., l. 1, 9 ; l. 2, 2 ; l. 7, 6 ; Dioscorides, Mat. med., l. 3, c. 71.
  2. E. Meyer, Geschichte der Botanik, 3, p. 401.
  3. Targioni, Cenni storici, p. 58.
  4. English botany, t. 230 ; Phillips, Companion to the kitchen garden ; Le bon jardinier.
  5. Boissier, Flora orientalis, 2, p. 927.
  6. Krok, Monographie des Valerianella, Stockolm, 1864, p. 88 ; Boissier, Flora orient., 3, p. 104.
  7. Bertoloni, Flora ital., 1, p. 185 ; Moris, Flora sardoa, 2, p. 314 ; Gussone, Synopsis fl. Siculæ, éd. 2, vol. 1, p. 30.