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DEUXIÈME PÉRIODE

propos, c’est rendre visite à une personne quand elle est en affaire ou qu’elle est avec une autre qui lui est assez intime pour être bien aise de se trouver seule avec elle ; on sort à contre-temps quand, après avoir fait cette indiscrétion, on fait sentir à la personne qu’on s’aperçoit qu’elle serait bien aise de se trouver seule avec son amie et qu’on sort sur-le-champ : c’est l’embarrasser et l’obliger à se défendre, car il n’y a personne qui ose convenir tout franchement qu’elle est de trop dans la conversation. Quand on a tant fait de faire une visite mal à propos, il faut faire comme si on ne s’apercevait pas de l’embarras qu’on cause, rendre sa visite très courte et chercher un prétexte pour en sortir honnêtement et le plus tôt qu’on peut, sans faire sentir que c’est parce qu’on s’aperçoit qu’on interrompt la conversation commencée avec l’autre personne, à moins que celle qu’on va voir ne fût en affaire : car, pour lors, il serait de la prudence de ne pas passer outre et de remettre la visite à un autre jour.

Une personne indiscrète n’entend point ce qu’on veut qu’elle sache et elle écoute ce qu’on ne veut pas qu’elle entende, parce que, dans le premier cas, au lieu d’écouter ceux qui parlent et d’entrer dans le sujet de la conversation, elle l’interrompt pour dire ce qui lui vient dans l’esprit ; elle écoute ce qu’on ne veut pas qu’elle entende dans une conversation dont elle ne devait pas être, au lieu de se retirer prudemment. Rien ne rend si indiscrète que de n’être occupé que de soi, ne parlant que de soi, de ses maux, de ses affaires.

Pour éviter les indiscrétions, il faut être occupé des