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ANTHOLOGIE FÉMININE

gieuse. Elles jouèrent ensuite Andromaque, et, soit que les actrices en fussent mieux choisies, ou qu’elles commençassent à prendre des airs de la cour, cette pièce ne fut que trop bien représentée au gré de Mme de Maintenon, et lui fit appréhender que cet amusement ne leur insinuât des sentiments contraires à ceux qu’elle voulait leur inspirer.


Mme DESHOULIÈRES
(Antoinette du Ligier de La Garde)

(1638-1694)


Mme Deshoulières eut une grande réputation, une grande influence, un grand crédit, qu’elle ne dut qu’à son talent, à ses qualités, aux agréments de son esprit, car elle était pauvre, et, quoique belle, elle se piqua de rester toujours honnête femme. Voltaire, qui n’avait pas connu la femme, goûtait fort le poète, et, dans la liste des écrivains du règne de Louis XIV, il a formulé ce jugement : « De toutes les dames françaises qui ont cultivé la poésie, c’est celle qui a le mieux réussi. » Lemontey a renchéri sur cet éloge en ne trouvant que Voltaire lui-même, dans le genre léger, supérieur à Mme Deshoulières.

Sa vie fut accidentée dans sa première partie, avant d’être dans la seconde tranquille, d’appa-