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ANTHOLOGIE FÉMININE

la reine : « Madame, n’oubliez pas le pauvre Avenant. » Elle se souvint aussitôt des peines qu’il avoit souffertes à cause d’elle, et de sa grande fidélité : elle sortit sans parler à personne, et fut droit à la tour, où elle ôta elle-même les fers des pieds et des mains d’Avenant, et, lui mettant une couronne d’or sur la tête et le manteau royal sur les épaules, elle lui dit : « Venez, aimable Avenant, je vous fais roi, et vous prends pour mon époux. » Il se jeta à ses pieds et la remercia. Chacun fut ravi de l’avoir pour maître ; il se fit la plus belle noce du monde, et la Belle aux cheveux d’or vécut longtemps avec le bel Avenant, tous deux heureux et satisfaits.

  Si par hasard un malheureux
  Te demande ton assistance.
Ne lui refuse point un secours généreux :
Un bienfait tôt ou tard reçoit sa récompense.
 Quand Avenant, avec tant de bonté,
Servoit carpe et corbeau ; quand, jusqu’au hibou même,
Sans être rebuté de sa laideur extrême,
  Il conservoit la liberté,
  Auroit-on pu jamais le croire
  Que ces animaux quelque jour
 Le conduiroient au comble de la gloire.
Lorsqu’il voudroit du roi servir le tendre amour ?
Malgré tous les attraits d’une beauté charmante,
Qui commençoit pour lui de sentir des désirs,
Il conserve à son maître, étouffant ses soupirs.
  Une fidélité constante.