Page:Alquie - Anthologie feminine.djvu/129

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
115
DEUXIÈME PÉRIODE

Toutefois sans raison il se voit accusé ;
Mais quand à son bonheur il paroît plus d’obstacle,
  Le Ciel lui devoit un miracle,
Qu’à la vertu jamais le Ciel n’a refusé.


Mme  DACIER (Anne Lefebvre)

(1651-1720)


Mme Dacier est au XVIIe siècle ce que fut Christine de Pisan au XIVe : femme de lettres dans le sens propre du mot, sérieuse, instruite, plus même, savante, ce qui ne l’empêcha pas d’être, comme sa devancière, une vertueuse épouse, une tendre et excellente mère de famille.

« Aucune voix savante ne s’est encore levée pour prononcer son éloge ; nulle ville n’a songé à lui élever un monument triomphal ou funèbre ; seule une petite inscription, gravée sur le fronton d’une vieille et sombre maison de Saumur, rappelle que c’est là qu’elle est née[1]. »

C’est que, comme Christine de Pisan, elle vécut retirée et modeste, se consacrant aux siens et à l’étude ; elle ne chercha pas à briller à la cour. Cependant la lutte pour la vie de sa devancière lui fut épargnée. Son père, Tanneguy-Lefebvre,

  1. Ouvrage sur les Femmes illustres, de Mme  la comtesse Drohojowska, 1832.