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PREMIÈRE PÉRIODE

 Or laissiez tout desconfort,
 Car vous l’avez sans demi ;
 Amis, si Dieu me confort,
 Vous arez le cuer de mi.

BALLADE


Il n’est doleurs, des confors ne tristesse,
Amy, gaieté, ni pensée dolente,
Fierté, durté, pointure ne ospresse,
N’autre meschief d’amour que je ne sente,
 Et tant plains, souspire et plour,
Que mes las cuers est tout noiez en plour ;
Mais tous les jours me va de mal en pis,
Et tout pour vous, biaus, dous, loyaus amis.

Quar quant je voye que n’ay voye n’adresse
A tost veoir vostre maniere gente,
Et vo douceur qui de loing mon cuer blesse
Qui tandis m’est par pensée présente
 Je n’ai confort ne recour,
Fors à plourer et à haïr le jour
Que je vif tant, n’est mes plus grans délits,
Et tout pour vous, biaus, dous, loyaus amis.

Mais si je suis loing de vous sans liesse
Ne pensez jà que d’amer me repente,
Car loyauté me doctrine et adresse
A vous amer en tres loyale entente
 Si que cuer, penser, amour,