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Page:Alquie - Anthologie feminine.djvu/216

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ANTHOLOGIE FÉMININE

SOUVENIRS DE FÉLICIE

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J’ai mis les devises à la mode. J’en ai donné beaucoup. D’autres personnes en ont inventé de fort jolies. La meilleure de toutes est celle de Mme de Meulan : c’est un brin de violette à moitié caché sous l’herbe, avec ces mots : Il faut chercher. Cette charmante devise convient parfaitement à une personne si réservée et si aimable, quand on la connoit[1]. Mme de S*** a pris pour devise une épingle, avec ces mots : Je pique, mais j’attache. J’étois brouillée avec une personne que j’estimois et que j’aimois. M. M*** nous a raccommodées ; il m’a demandé un carnet avec une devise, j’ai fait graver sur le cachet une aiguille à coudre avec ces mots : Je raccommode, je réunis. J’ai donné pour devise à une jeune bonne mère de mes amies un nid d’oiseau, rempli de petits nouvellement éclos ; la mère, posée sur le bord du nid, leur apporte un petit rameau qu’elle tient dans son bec. Voici l’âme de cet emblème : Pourvu qu’ils vivent !… Un homme de lettres (M. de Chamfort) a pris cette devise : une tortue ayant la tête hors de son écaille, et étant atteinte d’une flèche qui la lui perce ; et pour âme des mots latins, dont le sens est : Heureuse, si elle eût été entièrement cachée[2] ! Une belle devise fut celle du régiment de cava-

  1. C’est la mère de l’aimable auteur du roman plein d’esprit et d’intérêt intitulé la Chapelle d’Ayton.
  2. Cette devise est très remarquable, en ce qu’elle fut prophé-