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TROISIÈME PÉRIODE

lerie du grand Condé ; elle représentoit un feu qui commence à s’allumer, avec ces mots :

  Splendescam, da materiam.
Plus j’aurai de matière, et plus j’aurai d’éclat.

Une femme de ma connaissance, voulant exprimer qu’elle est soucieuse et pensive, a pris pour devise un bouquet de soucis et de pensées, ce qui est de très mauvais goût. Les fleurs et les plantes ne peuvent être des symboles que par leurs propriétés naturelles, ou par celles que la mythologie leur attribue, ou enfin par l’usage consacré par les anciens. Ainsi l’asphodèle est une plante funéraire, le cyprès est l’emblème de la douleur, le laurier est celui de la gloire, etc. ; mais prendre le souci pour le symbole des soucis moraux, c’est faire un jeu de mots très ridicule. L’immortelle est un bon emblème de la constance, parce que son nom ne lui vient que d’une propriété naturelle, celle de ne point se flétrir, de durer toujours. — Je voudrois que l’usage de prendre une devise fût universel. Chaque personne, par sa devise, révèle un petit secret, ou prend une sorte d’engagement.

    tique. Si cet homme infortuné avait été obscur, ou s’il avait pu se cacher dans le temps de la Terreur, il vivrait encore. Cette devise rappelle celle de Fouquet, qui eut le même genre de singularité. Fouquet avait dans ses armes un écureuil : il prit pour devise cet écureuil, qu’il plaça entre huit lézards et un serpent, animaux qui se trouvaient dans les armes de Colbert et de Le Tellier, ses ennemis. L’âme de cette devise était : Je ne sais où ils m’entraînent. En effet, il fut entraîné où il n’avait pas prévu qu’on pût le conduire.