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ANTHOLOGIE FÉMININE

tait et fixait sa manche fort au-dessus du coude. Ses cheveux, d’un noir de velours, étaient courts et frisés tout autour de la tête, cette coiffure s’appelait alors à la Titus ; sur ses épaules était un superbe châle de cachemire rouge, parure à cette époque fort rare et fort recherchée. Elle le drapait autour d’elle d’une manière toujours gracieuse et pittoresque, formant ainsi le plus ravissant tableau.

« C’est Mme Tallien », répondit M. d’Hautefort.

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L’une des plus belles fêtes, l’une des plus élégantes dans sa magnificence, fut celle que donna M. de Talleyrand au ministère des relations extérieures… Ma mère voulut absolument y aller… Je puis affirmer que j’ai vu peu de femmes plus charmantes qu’elle.

Nous étions mises de même : une robe de crêpe blanc garnie avec deux larges rubans d’argent, dont le bord était lui-même bordé avec un bouillon gros comme le pouce, en gaze rose lamée argent, et sur la tête une guirlande de feuilles de chêne dont les glands étaient en argent. Ma mère avait des diamants et moi des perles, c’était la seule différence qu’il y eût dans notre parure.

Un jour ma mère donnait un bal ; elle avait réuni tout ce que Paris avait alors de plus élégant dans le faubourg Saint-Germain. Quant à l’autre parti, il était représenté par la famille Bonaparte, par des hommes comme M. de Trénis et quelques autres, qui, en leur qualité de beaux danseurs, étaient invités dans le peu de maisons particulières qui recevaient.

Bonaparte venait de partir pour l’Égypte ; Mme Leclerc