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Page:Alquie - Anthologie feminine.djvu/351

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TROISIÈME PÉRIODE

grandes luttes de la vie, qu’un doux et loyal sourire l’attend chez lui. Son âme a besoin de s’appuyer en paix aux nobles amours pour pouvoir se dévouer librement au devoir…

La lumière du cœur produit la vraie lumière de l’esprit, et les ténèbres du foyer suivent hors de chez lui le maître de ce foyer. Certes, un orateur, quelle que soit sa peine secrète, pourra rencontrer d’âpres mouvements d’éloquence, de superbes élans de colère et d’indignation, illuminer même les questions qu’il sera appelé à traiter, mais certainement il ne les éclairera pas.

Avez-vous jamais remarqué, au contraire, comment l’enfant tendrement et fortement élevé à l’abri salutaire de deux êtres qui s’aiment d’un amour béni s’élance au travers de la vie, pénétré de l’idée du bonheur et du droit.


DU BONHEUR

. . . . . . . . . . . . . . . .

Le bonheur est rapide, insaisissable : les yeux qu’il illumine aujourd’hui de son ineffable rayonnement pleureront certainement demain. Il y a de quasi-bonheurs, il y a surtout de jeunes bonheurs ; mais sur le bonheur, comme sur les ailes du papillon, se trouve une poussière impalpable qui en harmonise tous les tons, et qui ne revient jamais plus parer la fleur mobile une fois qu’une rude atteinte l’en a dépouillée.

Le papillon peut échapper aux doigts cruels qui le retenaient, voler encore, s’abandonner à de douces brises, chercher à vivre ; mais il a perdu sa fierté en perdant sa