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TROISIÈME PÉRIODE

L’empereur de Russie, dans cette magnificence d’âme qui complète idéalement certains de ses actes, a voulu que l’un de ceux qui ont donné leur vie pour l’union franco-russe soit évoqué aux jours du succès de son œuvre, et il a autorisé les amis de Katkolf à lui élever un monument.

Je voudrais citer tout entières les lettres que j’ai reçues de Russie, surtout de Pétersbourg et de Moscou, durant ces derniers jours bénis entre tous. Moi aussi j’ai la récompense d’une lutte de vingt ans sans défaillance. Mes lecteurs fidèles savent mieux que personne que, depuis douze ans, la Nouvelle Revue n’a cessé de les diriger dans les voies du relèvement où la France marche à cette heure. Le Congrès de Berlin m’a brouillé avec mes amis politiques les plus puissants et les plus populaires. J’ai sacrifié à mes prévoyances nationales le désir légitime que j’avais d’exercer une influence dans un milieu gouvernemental au succès duquel je n’avais cessé de contribuer ; mais, par les mêmes raisons patriotiques qu’après 1877, je me suis écartée d’amitiés à la fois chères et illustres, de même aujourd’hui aucune divergence de détail, aucune antipathie de personne ne peut attiédir la gratitude que j’éprouve pour le ministère qui a donné à l’amiral Gervais la mission française qu’il vient de remplir.

J’envoie du fond de mon âme à M. le Président de la République, — pourquoi n’ajouterai-je pas, moi femme, à Mme Carnot, — dont le patriotisme n’a jamais cessé d’être en éveil, et j’en pourrais donner des preuves, j’en-