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ANTHOLOGIE FÉMININE

L’un n’est content de sa sorte de vie
Et tousjours porte à ses voisins envie ;
L’un, forcenant de voir la paix en terre,
Par tous moyens tasche y mettre la guerre ;
L’autre, croyant povreté estre vice,
À Autre Dieu qu’Or ne fait sacrifice ;
L’autre sa foy parjure il emploira
À decevoir quelcun qui le croira ;
L’un, en mentant de sa langue lézarde,
Mile brocars sur l’un et l’autre darde.
Je ne suis point sous ces planètes née
Qui m’ussent pu tant faire infortunée.
Oncques ne fut mon œil marri de voir
Chez mon voisin mieux que chez moi pleuvoir.
Oncq ne mis noise ou discord entre amis ;
À faire gain jamais ne me soumis ;
Mentir, tromper et abuser autrui,
Tant m’a desplu que mesdire de lui.
............


à Mlle  clémence de BOURGES[1], LYONNAISE
(sur l’instruction des femmes)

Estant le temps venu, Mademoiselle, que les severes lois des hommes n’empeschent plus les femmes de s’appliquer

  1. Clémence de Bourges, amie de la Belle Cordière, qui lui dédia le Débat de folie et amour, dialogue en vers, n’a pas eu ses œuvres éditées ni conservées.