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ANTHOLOGIE FÉMININE

moins indiscutable, mais pas aussi exceptionnel aujourd’hui qu’alors.

Il est bon de remarquer que si des lettres comme celles de Mme de Sévigné demandent de l’expansion, de l’humour, de l’entrain, une certaine inclination à bavarder, il est autrement difficile et exige un tout autre genre de talent de mener à bien un long roman ou une étude philosophique.

Nous ne croyons pas devoir citer un trop grand nombre de ses lettres si connues, et surtout celle, si universellement répandue, à M. de Coulanges, surnommée la Nouvelle incroyable. On la trouve dans tous les recueils ; elle commence ainsi :

Je m’en vais vous mander la chose la plus étonnante, la plus surprenante, la plus merveilleuse, la plus triomphante, la plus étourdissante, la plus inouïe, etc…

Et elle continue pendant une demi-page avant de dire que M. de Lauzun épouse Mademoiselle.

Nous l’aimons mieux dans son amour maternel. Presque toutes ses lettres sont adressées à Mme de Grignan, sa fille. C’est à elle qu’elle dit cette phrase mémorable et sublime : « Je souffre à votre poitrine. »

Celle de la séparation d’avec sa fille exprime bien ce que plus d’une mère pense à cette occasion.

C’est plutôt la lettre d’une amie que d’une mère ; on pourrait critiquer dans sa bouche cette