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Le sentiment du péché réveille dans la conscience le besoin de la justice réparatrice, produit l’ardent désir de la réconciliation par la rémission du péché, et amène ainsi naturellement, dit Staudenmaier, l’institution du souverain pontificat, comme partie essentielle de la constitution religieuse. Une fois chaque année, le grand prêtre entrait dans le saint des saints[1] pour expier les péchés du peuple par un sacrifice, pour présenter à Dieu les prières et les vœux des fidèles, et rapporter, au nom du Seigneur, le pardon, la réconciliation et la bénédiction céleste au peuple assemblé. Ainsi se complète manifestement le culte par le sacerdoce, qui a avec lui les rapports les plus intimes et les plus essentiels. Institué de Dieu, il ressort, d’autre part, du fait même de la loi, de la nature des choses, de la vie spirituelle et des besoins profonds de l’homme, dont il est l’expression, l’instrument et le symbole.

Cependant la loi et le sacerdoce qui en ressortait, ne pouvaient opérer la réconciliation désirée de l’homme avec Dieu. Cette loi impérative n’était ni vivante dans l’esprit, ni vivifiée par l’esprit ; elle n’était qu’une barrière ; elle ne pouvait opérer la justification[2] ; bien plus, elle faisait abonder le péché par la multitude de ses prescriptions[3]. Pas plus que la loi, les sacrifices sanglants ne pouvaient détruire le péché, rendre l’homme juste, saint, parfait. Celui-là seul en qui ne réside point le péché, qui accomplit toute la loi, qui est plus grand que l’homme et plus élevé que le ciel, pouvait véritablement délivrer l’humanité du péché et de ses fruits. Moïse, l’homme de Dieu, exclu de la terre promise, était une preuve évidente de l’insuffisance de sa loi, qui ne parfait rien, qui ne montre que de loin l’accomplissement des promesses divines et ne conduit l’humanité entière, comme Moïse lui-même, que jusqu’aux portes de l’héritage céleste[4]. Toute la loi n’était qu’une grande prophétie annonçant la venue de Celui dont Josué (Jésus) préfigurait à la fois le nom et la mission ; et voilà pourquoi la seconde institution essentielle et nécessaire de la théocratie des Juifs fut l’école des prophètes. Le prophète

  1. Lev. XVI ; Hebr. IX, 7, 25.
  2. Rom. VII, 16.
  3. Rom. VII, 7.
  4. Hebr. VII, 19 ; XI, 13.