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en deçà du Jourdain, à cause de leur mélange réel ou présumé avec les païens ; les Samaritains en furent entièrement exclus. Protégés par la Perse, s’appuyant sur cette base de nationalité, les Juifs rétablirent une forme de gouvernement national en concentrant toute la puissance publique dans le grand-prêtre, qui était à la tête du peuple, et dans le sanhédrin[1], composé de soixante-dix membres, qu’on lui adjoignit dans Jérusalem pour la décision des affaires importantes. Les membres du sanhédrin étaient tirés de toutes les tribus, mais choisis surtout dans l’école des membres de ce conseil.

Les sacrifices qu’offraient les Juifs dans ce temple nouveau étaient encore impurs et imparfaits ; Malachie, irrité, s’en détourne, et voit dans l’avenir le sacrifice pur et sans tache offert à Jéhovah, non plus seulement dans le temple de Jérusalem, mais dans toute la terre, du couchant à l’aurore, par les Juifs et les païens[2] ; il voit que le Messie est Dieu même, et prédit la venue du nouvel Élie, précurseur du Sauveur du monde, dont il préparera les voies[3]. Et désormais, jusqu’à la venue du Libérateur, il ne devait plus y avoir de prophètes. La loi de Moïse devait suffire au peuple juif, et c’est pourquoi Malachie clôt la série admirable des prophéties de l’ancienne alliance par ces merveilleuses paroles : Souvenez-vous de la loi de Moïse, mon serviteur ; je vous enverrai le prophète Élie, avant que le grand et épouvantable jour du Seigneur arrive, et il réunira le cœur des pères avec leurs enfants, et le cœur des enfants avec leurs pères. C’est-à-dire qu’il montrera à ceux-là ce que ceux-ci n’ont fait qu’espérer. Tout avait été dit et marqué par Dieu dans la loi et les prophètes pour l’instruction de son peuple. À dater de ce moment, l’esprit de prophétie resta muet.

Quoique la nouvelle constitution politique et religieuse des Juifs eût été fondée précisément par ceux qui étaient le plus vivement touchés du désir de vivre conformément à la loi du Seigneur, peu à peu l’esprit et les formes de la Grèce gagnèrent les Juifs, et soumirent à leur influence les générations dont les pères avaient résisté si opiniâtrément

  1. D’après les Nomb. XI, 16.
  2. Mal. I, 11.
  3. Mal. III, 1.