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puisque l’essence même du Christianisme leur manque. On peut tout au plus présumer que les assemblées des thérapeutes ont pu avoir une certaine influence sur la forme de vie des monastères chrétiens.

Aucune de ces sectes ne pouvait donc, en définitive, avoir une action prépondérante sur l’esprit religieux du peuple. Les pharisiens, dévots en apparence, étouffaient le sens intérieur par leurs formes exagérées et leur piété mesquine. Quelle vertu, quelle foi pouvaient inspirer au peuple l’indifférence et le doute des sadducéens ? Quelle action, quelle influence pouvaient exercer sur la masse les esséniens solitaires ?

Le tableau des divisions religieuses des Juifs se complète par le souvenir des luttes et de la haine mutuelle des Juifs et des Samaritains[1]. Ces derniers tiraient leur nom de Samarie, ancienne capitale du royaume d’Israël. L’origine de leur séparation religieuse remonte au temps de Salmanasar, alors qu’en place des captifs emmenés à Babylone, le vainqueur envoya des Babyloniens et des Cuthéens, auxquels se mêlèrent les Juifs demeurés à Samarie[2]. Ce mélange les rendit l’objet de la haine universelle. Quoique païens par le fait, ils prétendirent dès lors et toujours être Israélites d’origine. De tristes et déplorables expériences leur firent désirer de revenir au monothéisme, et de prendre part à la construction du nouveau temple, dont ils furent exclus comme idolâtres[3]. La réforme religieuse qu’ils désiraient ne s’opéra donc parmi eux qu’au temps d’Alexandre le Grand, par le Juif exilé Manassé. Il réintroduisit le Pentateuque parmi les Samaritains, bâtit, d’après un texte du Deutéronome (XXVII, 4), un temple sur le mont Garizim, avec l’autorisation d’Alexandre, et ordonna des prêtres de la tribu de Lévi. Cependant leur liturgie différa beaucoup de celle du temple de Jérusalem, comme d’ail-

  1. Sylvestre de Sacy, Mémoires sur l’état actuel des Samaritains. Paris, 1812. — Gesenius, de Pentateuchi Samar. origine, indole et auct. Halæ, 1815. Ejusd. Programma de Samar. Theologica ex fontibus ineditis. Hale, 1822. Ejusd. carm. Samar. e codd. Lond. et Goth. Lipsiæ, 1824. (Sieffert) Progr. de temp. schismatis Eccl. Judæos inter et Samar. oborti. Regiom., 1828, in-4.
  2. 2 Rois, XVII, 24 ; Cf. 2 Paralip. XXXI, 1.
  3. 2 Rois, XVII, 29.