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tienne : « Il faut obéir à Dieu, plutôt qu’aux hommes ; pour nous, nous ne pouvons pas ne point parler des choses que nous avons vues et entendues[1]. » Les menaces redoublent ; néanmoins, on les délivre, parce·qu’on craint la colère du peuple. Désormais, rien n’arrêtant plus les apôtres dans leur sainte hardiesse[2], le conseil fut obligé de suivre l’avis du généreux, mais indécis Gamaliel[3]. « Laissez-les faire, dit-il ; si cette œuvre vient des hommes, elle se détruira d’elle-même ; si·elle vient de Dieu, vous·ne pourrez la détruire[4].» Pendant que le fanatisme des sadducéens était ainsi contenu et obligé de respecter les personnes, la doctrine elle-même était l’objet de controverses d’autant plus vives que le Christianisme gagnait de jour en-jour du terrain, et que d’anciens docteurs de la synagogue, ayant embrassé la loi nouvelle, apparaissaient alors comme ses défenseurs et ses propagateurs·les plus zélés. Dans cette lutte de la vérité contre l’erreur, le diacre Étienne paya la victoire de sa mort ; il fut lapidé (an 36 apr. J.-C.) après un discours qui est une véritable apologie de la foi, et où règnent tout ensemble une haute inspiration et un ordre tout à fait logique dans l’enchaînement des faits[5]. Ainsi l’Église apostolique eut son premier martyr. Alors les Sadducéens et les Pharisiens unirent leurs efforts, et il en résulta une persécution générale[6], qui servit à répandre le Christianisme dans la Judée et la Samarie, dès longtemps préparées par les prédications et les miracles du Sauveur, et parmi les Juifs de la Syrie, de la Phénicie et de l’île de Chypre[7]. Les troubles de Jérusalem n’en éloignèrent point encore les apôtres. Pierre et Jean seuls allèrent à Samarie, pour imposer les mains à ceux que le diacre Philippe avait convertis[8]. Ils y trouvèrent des ennemis ardents dans quelques sectaires, qui prétendaient être fondateurs d’une religion· nouvelle. Tels étaient Dosithée et Simon le Magicien, dont nous exposerons la doctrine au § 59.

  1. Act. IV, 9-20 ; V, 29.
  2. Act. IV, 31.
  3. Voy. Chrysost. Hom. XIV, in Acta Apost. (Opp. ed. Ben. Parisina altera, t. IX, p. 128.)
  4. Act. V, 38,39.
  5. Act. VII, 58.
  6. Act. VIII, 1.
  7. Jean, IV ; Act. XI, 19.
  8. Act. VIII, 14.