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temps sans nuire au Christianisme, qu’ils menaçaient d’un double péril, la confusion des doctrines et la persécution des personnes. Les chrétiens nés Juifs devaient en être les principales victimes ; mais, en même temps, ceux-ci s’appuyant toujours sur le culte ancien mêlé au culte nouveau, fomentaient d’un côté dans l’Église, contre les païens reçus dans son sein, un esprit de division tout à fait contraire au Christianisme, et de l’autre tendaient à produire un amalgame de deux religions bien plus déplorable encore.

La ruine de Jérusalem et de son temple fut donc un événement de la plus haute importance pour la propagation et les succès de l’Église chrétienne[1], ainsi que l’avait prédit le Sauveur d’une manière positive, alors que le temple était encore dans toute sa gloire et sa magnificence[2]. Les Juifs, jadis instruments choisis de la Providence pour l’accomplissement des desseins de Dieu, voulaient se prévaloir aux yeux des nations des prérogatives dont ils étaient complètement déchus. Les plus touchantes preuves de la miséricorde divine, les plus terribles châtiments n’avaient pu amener ce peuple, au cou roide, à accepter librement sa véritable mission sur la terre et à se conformer franchement aux vues de Dieu. Il avait interprété les prophéties les plus sublimes sur le Sauveur dans un sens politique et restreint, et il niait avec d’autant plus de passion la réalisation des oracles divins, que la fondation de l’Église de ce Jésus, méprisé et réprouvé, et la durée de la domination romaine rendaient son attente plus vaine, sa déception plus notoire. Opprimé par les proconsuls romains à Césarée, le peuple chéri de Jéhovah crut le moment de la vengeance arrivé ; il se révolta ouvertement sous le gouvernement de Gessius Florus [64 apr. J.-C.], à l’occasion du sacrifice de quelques oiseaux qu’un païen avait fait tout près de la Synagogue, en dérision du culte des Juifs. La sédition se propagea rapidement jusqu’à Jérusalem. Enhardie par la défaite de Cestius Gallus, la nation entière se souleva contre la puissance romaine [67 apr. J.-C.]. Mais le

  1. Cf. Dieringer, Syst. des faits divins, t. 1, p. 240 ; surtout 362-966.
  2. Luc, XXI, 5 sq.