jour terrible était proche où les malheurs épouvantables prédits par le Sauveur en larmes devaient fondre sur Jérusalem, où le sang de l’Homme-Dieu devait retomber sur les enfants réprouvés d’Israël. Vespasien, chargé du commandement par, Néron, après, avoir fait sa jonction avec son fils Titus, qui revenait d’Égypte, envahit la Galilée à la tête d’une puissante armée [67 apr. J.-C.] ; il s’empara de Jotapata, la plus forte citadelle de la Galilée, après une défense opiniâtre de quarante jours, massacra quarante mille Juifs et soumit toute la province. Victorieux et pleins d’impatience, les soldats romains brûlaient de terminer la guerre par la prise et la ruine de Jérusalem ; mais le prudent Vespasien attendit le moment favorable, que devaient nécessairement amener les divisions intestines des Juifs. En effet, les vieillards de la Judée, mûris par l’expérience, voulaient la paix ; la jeunesse téméraire, irréfléchie et ne respirant que la guerre, se précipita dans Jérusalem, où Jean de Giscala l’accueillit. Vespasien soumit alors toute la Judée, et campa, toujours menaçant devant Jérusalem, au printemps de l’année 68 apr. J.-C. ; il attendait les ordres de l’empereur qui devait avoir succédé à Néron. Bientôt l’armée romaine se souleva, s’agita, le proclama Auguste : Titus, parti de Césarée (70), arriva avec des forces nouvelles devant la malheureuse ville, où la fête de Pâque avait amené une population immense[1], et dont les défenseurs, après avoir combattu l’ennemi commun, s’entr’égorgeaient les uns les autres. Les chrétiens, se souvenant des paroles du Seigneur : « Lorsque vous verrez une armée environner Jérusalem, sachez que sa destruction est proche[2], » s’enfuirent vers Pella en Galilée. Alors aussi les Juifs virent se réaliser à la lettre les malheurs prédits par le Christ ; mais rien ne put triompher de leur invincible opiniâtreté, ni les horreurs de la guerre civile, ni les angoisses de la famine, qui se montra hideuse, insensée, épouvantable dans la fille désespérée d’Éléazar. La horde de Simon avait enlevé aux femmes riches et distinguées tout ce qu’elles possédaient. Marie mourait de faim, et
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