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drins et Philon, qu’il était la puissance la plus élevée de Dieu[1], qui apparut aux Juifs comme Fils, dans Samarie comme Père, comme Esprit saint[2] parmi les païens. Comme première puissance de Dieu, il se prétendait au-dessus du Créateur du monde· et de toutes les puissances divines (ἐστώς υἱὸς, υἱὸς του Θεοῦ (hestôs huios, huios tou Theou)). Mais voulant en même temps être reconnu comme Christ, il prétendait que le Christ n’avait souffert qu’en apparence dans la Judée. Il se faisait adorer par ses disciples sous la forme de Jupiter. — Tout ce que nous venons de dire prouve que Simon le Mage était tout à fait en dehors du Christianisme.

Ménandre paraît s’être d’abord attaché à Simon le Mage comme disciple. Plus tard il voulut se substituer à lui en qualité de Messie[3], et c’est pourquoi saint Irénée le nomme à juste titre le successeur de Simon. Ménandre admettait la théorie de Philon sur le Dieu suprême, être incompréhensible et caché, sur l’Ἔννοια (Ennoia), mère des anges, créateur du monde et sur l’esclavage des hommes asservis par la matière. Quant à lui, en vertu de la force divine qui lui était propre, il était au-dessus des anges, et il avait la mission de délivrer la terre de leur domination. Plus éclectique encore que Simon, il avait introduit le baptême parmi ses disciples.

Différente des erreurs précédentes, la doctrine de Cérinthe était, pour le fond et la forme, en rapport avec celle des Ébionites ; cependant il avait une plus haute idée du Christ que ces derniers. Saint Irénée[4] dit positivement que Cérinthe était contemporain de l’évangéliste saint Jean.

  1. Apost. VIII, 10.
  2. Justin. Apol. I, c. 26 et 56, dial. c. Tryph., c. 120. Apolog. II, c. 15. D’après l’Apol. I, c. 26, il devait y avoir une statue dans l’île du Tibre ayant pour inscription : Simoni sancto Deo ; mais en 1574, on trouva : Semnoni Sanso Deo Fidio Sacrum, etc., etc. Cf. Ovid. Fast. VI, 213. Cf. Stenglein, dans la Rev. Trim. De Tub., 1848, p. 425 sq. De bonne heure on désigne Simon comme le père du gnosticisme. Iren. Contra hær. I, 23, p. 99 : « Simon samaritan. ex quo universæ hæreses substiterunt habet, hujusmodi sectæ materiam. » Epiph. hæres. XXI, t. II, 1. I, 1. Ὠν (αἱρέσεων) πρώτη ἡ τοῦ Σίμωνος τοῦ Μάγου (Ôn (haireseôn prôtê hê tou Simônos tou Magou). — Euseb. Hist. eccl. II, 13. Cf. Grabe, Spicilegium., etc., t. I, p. 305-12. Baronii annal, ad. a. 44, n° 55.
  3. Justin. Apol. I, c. 26 et 56. – Epiphan. Hær. XXII, t. I, p. 60.
  4. Iren. Contra hær, III, n. 34, p. 177.