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Ainsi se propage de tous côtés le Christianisme. Écoutons un moment les Pères, dont le langage est peut-être un peu emphatique dans cette circonstance[1]. « Il n’est pas de peuple, dit saint Justin, grec ou barbare, chez lequel on n’adresse des prières ou des actions de grâces au Père et Créateur du monde, au nom du Christ crucifié. » Saint Irénée ne parle pas seulement en général des Églises chrétiennes répandues dans le monde, jusqu’aux confins de la terre, mais il cite spécialement et positivement les Églises de Libye et d’Égypte, celles des Celtes, des Ibères et même des Germains. « Chez les Parthes, les Mèdes, les Élamites, s’écrie Tertullien dans son enthousiasme, chez les habitants de la Mésopotamie, de l’Arménie, de la Phrygie, de la Cappadoce, du Pont, de l’Asie Mineure, de l’Égypte, de Cyrène, les races diverses des Gétules et des Maures, les populations de l’Espagne, de la Gaule, de la Bretagne et de la Germanie, partout nous trouvons des fidèles. » — « Les chrétiens, dit-il ailleurs, sont assez nombreux pour mettre sur pied des armées non moins nombreuses que celles des Parthes et des Marcomans. »

Au milieu de ces triomphantes énumérations, il ne faut pas oublier cependant que partout, en face des chrétiens, se trouvait une population bien plus nombreuse encore de païens, comme le prouvent et la nécessité où furent Constantin le Grand et ses successeurs de combattre le paganisme, dans tout l’empire, par de fortes ordonnances, et la tentative que put faire Julien, cinquante ans après la reconnaissance publique du Christianisme, de restaurer le paganisme et de le rétablir comme religion de l’État.

§ 65. — Causes de la rapide propagation du Christianisme.

Ces causes se trouvent en partie dans les circonstances extérieures, mais bien plus encore dans l’esprit même du Christianisme. Sous le premier rapport, il faut se rappeler d’abord que, chez presque tous les peuples de la terre, il existait des prophéties annonçant la venue d’un Messie[2],

  1. Justin. M. Dial. c. Tryph. c. 117. Iren. Contra hær. I, 10. Terlull. Adv. Jud. c. 7 ; Apologet. c. 37.
  2. Pour les Chinois, voyez Windischmann, Hist. de la Philos,