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et que, plus qu’ailleurs, elles s’étaient répandues parmi les Romains. En second lieu, la tradition universelle d’un commerce immédiat de la Divinité avec le genre humain, et les sacrifices expiatoires usités partout, étaient une excellente préparation à la doctrine fondamentale du Christianisme, à savoir, le sacrifice du fils de Dieu. Enfin, ce qui devait encore faciliter et hâter le progrès de cette doctrine, c’était la connaissance généralement répandue de la langue grecque et l’union politique de tant de peuples divers soumis à un même empire. Les Romains, jadis libres, frémissaient d’indignation d’être soumis, comme des esclaves, au joug impérial, et les autres nations subjuguées déploraient la perte de leur indépendance et de leur nationalité. Dans cette décadence religieuse et cette oppression politique, les meilleurs esprits réclamaient instinctivement l’intervention d’une force morale qui les affranchit et les fit jouir des biens d’une meilleure vie. Le Christianisme vint répondre à ce besoin religieux, que ne pouvaient satisfaire ni les efforts de la philosophie du siècle, ni les pratiques superstitieuses des religions de l’Orient. Le Christianisme, calmant les angoisses de ces esprits troublés, de ces cœurs mécontents, et dissipant les incertitudes du doute, vint consoler le pécheur, pardonner au coupable, rendre au pauvre de ce monde l’espérance des joies célestes, aux esclaves le sentiment de la vraie liberté et de la dignité humaine, aux maitres le respect des droits de l’humanité. Quelle puissante influence n’exerçaient pas d’ailleurs les missionnaires chrétiens, la confiance avec laquelle ils parlaient et démontraient l’accomplissement des prophéties sibyllines dans la personne du Christ[1], et bien

    Ire part. p. 364 et 454. Pour les Perses, cf. Plutarch., de Iside et Osiride, c. 17, et le Zend-Avesta, trad. par Kleuker, IIe P. 175 ; IIIe p. 111. Addit. au Zend-Avesta, par Kleuker, t. 1, p. 127-441. Lassaulx Des sacrifices chez les Grecs et les Romains, de leur rapport avec celui du Golgotha. Wurzb. 1844.

  1. Σιϐύλλη, de σιοῦ, éolien, pour θεοῦ, et βυλὴ pour βουλὴ, c’est-à-dire προφῆτις. Sibyllinor. oraculor. lib. VII, ed. Jo. Obsopæus. Paris, 1589, ed. III, 1607, in-8. Serv. Gallæus. Amst., 1689 et Galland. Biblioth. PP. t. I, p. 333 sq. Cf. Prolegom., p. LXXVI sq., auxquels s’ajoute la découverte nouvelle des lib. XI-XIV, dans Angelii Maji scriptor. veter. nova collectio, t. III, p. 3. Romæ, 1828, in-4. Cités