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suivant sa volonté expresse, une société extérieure, qu’il nomma d’après les précédents de l’Ancien Testament, l’Église (ή Ἐϰϰλησία)[1], c’est-à-dire la société de tous les élus (ϰλητσί)[2], tirés d’un monde pécheur, et appelés à rentrer en union avec Dieu dans le royaume de l’éternelle félicité (βασιλεία τοῦ Θεοῦ, τῶν οὐρανῶν, τοῦ Χριστοῦ).

Sa religion et sa grâce devaient être annoncées et appliquées à l’humanité déchue ; en même temps sa vertu réparatrice comme prophète, comme prêtre et comme roi devait se perpétuer et se conserver intacte jusqu’à la fin des siècles, après son retour au ciel. Et comme, pour atteindre ce but, le Fils de Dieu avait lui-même pris certaines mesures particulières, certaines dispositions précises, on vit se former, après sa glorieuse ascension, une société religieuse de fidèles, réunis sous un même chef, le Christ, dans la même foi et les mêmes sacrements, conduits sous l’inspiration du Saint-Esprit, par les Apôtres, Pierre à leur tête, et par leurs successeurs légitimes, les papes et les évêques. C’est là l’Église, le lieu saint consacré au Seigneur (ϰυριαϰὴ, οἰϰία), l’école, le temple, le royaume du Christ, qui, fidèle à la promesse de son divin fondateur, malgré des luttes incessantes, malgré des vicissitudes toujours renouvelées, réalise l’éternelle idée du Christianisme : la sanctification et l’union de l’humanité avec Dieu par Jésus-Christ dans le Saint-Esprit[3].

§ 2. — La véritable Église.
Drey. Apologét., t. III, p. 313, sq. — Dieringer, Dogmatique, p. 616 sq.
3e édit.

Si donc l’incarnation du Fils de Dieu devait opérer

  1. Matth. XVI, 18 ; XVIII, 17.
  2. Matth. XX, 16 ; Rom. VIII, 28 ; 1, Cor. I, 24 ; Eph. I, 4 ; Thess. II, 12.
  3. On retrouve l’étymologie du mot église dans le grec ἐϰϰλησία. Le mot allemand kirche remonte aussi à la même langue : τὸ ϰυριαϰον, scilicet ἱερόν, sive ϰυριαϰἡ, sc. οἰϰἰα. Les Grecs transmirent aux Goths, avec la connaissance du Christianisme, le mot kyrch, qui indiquait d’abord les communautés chrétiennes aussi bien que l’édifice sacré. On retrouve ce terme, non-seulement dans les idiomes germains, en suédois kyrka, en danois kyrke, en anglais church, mais aussi chez les Slaves convertis par les Grecs. En polonais on a cerkiew.