Page:Alzog - Histoire universelle de l’Église, tome 1.djvu/22

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l’union de l’humanité déchue avec le ciel ; si à travers toutes les générations à venir la doctrine divine et immuable du Christ devait être conservée intacte[1], il fallait conjurer le danger des fausses interprétations : sinon, l’avertissement donné par le Seigneur à celui qui veut bâtir une tour, l’eût condamné lui-même avant tous[2] ?

Sous ce rapport donc, il fallait que l’Église, et il semble que c’est un complément nécessaire de son institution divine[3], fût en même temps pour les hommes le critérium général et nécessaire de ce qui est vrai et divin d’origine. Et telle fut la mission du sacerdoce chrétien, de l’autorité doctrinale infaillible, divinement instituée et assistée pour s’élever dans ses décisions au-dessus du cercle étroit et imparfait des opinions humaines, et les ramener sans cesse à leur principe éternel[4]. C’est par là que l’Église, colonne et base de la vérité (1 Tim, III, 15), ayant une règle infaillible pour discerner et juger les hérésies, put distinguer avec certitude tous ceux qui ne lui appartenaient point (οἱ ἐξω)[5]. Dès que l’ordre institué par Jésus-Christ était altéré, quant à l’unité de la doctrine, il y avait séparation, hérésie (ἁίρεσις). L’Église retranchait de son sein les auteurs de l’hérésie et ses partisans, de peur qu’ils n’entamassent la société entière, comme on sépare du corps, de peur d’une corruption générale, les membres gangrenés et incurables. Ne méconnaissait-on l’ordre divin que dans la forme et la discipline de l’Église ; alors, d’ordinaire, les auteurs et les adhérents de l’erreur se séparaient eux-mêmes de l’unité

  1. Matth. XXIV, 35 ; Hébr. XIII, 8.
  2. Luc, XIV, 28.
  3. Luc, XIV, 28 sq.
  4. Cf. Hilar. de Trinit. XI, 1. Ce qu’il dit se lie avec les passages suivants, Ephes. IV, 5 : « Unus Dominus, una fides, unum baptisma, etc. » « Non enim ambiguis nos et erraticis indefinite doctrinæ studiis dereliquit, vel incertis opinionibus ingenia humana permisit, statutis per se et oppositis obicibus libertatem intelligentiæ voluntatisque concludens ; ut sapere nos, nisi ad id tantum quod prædicatum a se fuerat, non sineret, cum per definitam fidei indemutabilis constitutionem credi aliter atque aliter non liceret. » Déjà le païen Sénèque avait dit Ep. 102 : « Veritatis una vis, una facies est ; — nunquam falsis constantia. » (Opp. ed. Bipond., vol. IV, p.30.)
  5. 1 Cor. V, 12 ; 1, Jean II, 19.