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plus encore leur conduite et la vie sainte et dévouée des premiers chrétiens ! Leur mépris du monde, la pureté de leurs mœurs, leur charité cordiale, leur bienfaisance soutenue, leur douceur, le pardon des injures, et surtout leur courage héroïque au milieu des persécutions, excitaient l’étonnement de tous, et les païens eux-mêmes ne pouvaient leur refuser une sincère admiration. « Les chrétiens, dit le païen Cæcilius, dans Minutius Félix, s’aiment avant de se connaître, » et Tertullien rappelle le cri d’étonnement des adversaires de l’Évangile : « Voyez comme ils s’aiment entre eux et comme ils sont prêts à mourir les uns pour les autres[1] ! » Ce devait être une cause divine pour laquelle tant d’hommes mouraient avec joie, et c’est ainsi que le sang des martyrs devenait une semence de chrétiens.

Ainsi l’enthousiasme des uns à embrasser le Christianisme enflammait le zèle des autres pour le répandre. Ce devenait un devoir consolant pour les philosophes convertis de convertir d’autres philosophes : Justin, Clément, Tertullien l’attestent par leurs exemples. Tous servaient la cause sainte et gagnaient des âmes à Jésus-Christ, le négociant

    probablement pour la première fois par Justin. Apolog. I, c. 20, 44. Celse, dans Orig. contra Cels., VII, 7, n. 4, leur reproche d’avoir été falsifiés par le parti chrétien. Cf. V, 8, n. 3, ad fin. August., de Civit. Dei, XVIII, 47, est du même avis. Il est certain que la prophétie sibylline, telle que nous la possédons, n’est pas authentique, celle que la Sibylle vendit à Tarquin fût brûlée, et celle qu’on recueillit plus tard eut un sort semblable. Malgré leur manque d’authenticité, les livres sibyllins sont néanmoins d’une grande valeur historique. On n’aurait jamais songé à inventer de pareilles prophéties, s’il n’y avait eu déjà, dans le peuple, une disposition à les admettre, et si l’on n’avait pu les relier à d’autres oracles analogues et déjà existants. Ces oracles furent inventés en Égypte, avant l’ère chrétienne, par les Juifs, nourris dans l’idée et l’attente du Messie, et par les païens qui s’étaient rapprochés du judaïsme. C’est ce que prouvent évidemment les citations faites par Alexandre Polyhistor, Strabon et Josèphe. Le reste a été inventé par les chrétiens dans le Ier et le IIe siècle. Cf. Nat. Alex. Hist ecclesiast. sæc. I, diss. 1 (t. IV, p. 132-139). — Bleek, de l’Apparition et de la Collection des oracles sibyllius (Gazette de Scheiermacher. Berlin, 1819. Cf. Mœhler, Patrologie, t. I, p. 944.

  1. Tertull. Apolog. c. 39, ed. Haverc., p. 325. Minut. Felix, c. 9 (Galland, t. II, p.385).