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Page:Alzog - Histoire universelle de l’Église, tome 1.djvu/215

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prit[1] ; leurs assemblées nocturnes, nécessitées par les persécutions, donnaient occasion à des bruits infâmes de conspiration, d’incestes, de crimes contre nature. On cherchait à rendre vraisemblables ces dernières accusations par l’amour fraternel dont les chrétiens donnaient des preuves si manifestes[2]. D’après de vagues et incertains renseignements sur la Cène, ce repas mystique devenait l’abominable festin de Thyeste, et l’adultère des femmes chrétiennes était suffisamment prouvé d’après les opinions alors reçues, par cela qu’elles prenaient du vin. On les accusait non-seulement d’adorer le bois, mais d’être des onolâtres[3]. Si parfois les esclaves défendaient les intérêts du Christianisme, c’était un renversement de l’ordre légal, et la torture leur arrachait souvent l’aveu des crimes dont les chrétiens étaient méchamment soupçonnés. La populace attribuait à cette secte impie toutes les catastrophes politiques, la guerre, la famine, les tremblements de terre, tous les signes de la colère des dieux délaissés (non pluit Deus, duc ad christianos)[4] ; les gens lettrés et polis approuvaient par politique les opinions du vulgaire, et méprisaient les chrétiens comme un peuple superstitieux et fanatique. C’est alors que l’État crut devoir user de sa force pour opprimer une secte si pernicieuse à la chose publique, si ennemie de l’humanité[5], si impie envers les Césars (irreligiosi in Cœsares). En effet, les chrétiens regardaient souvent comme

  1. Justin. Apolog. I, c. 6, 13, 17.
  2. Athenagor. Legat. pro christianis, c. 3. Tertull. Apolog., c. 16, 39, 40. Minut. Felix, c. 12 (Galland. Biblioth., t. II, p. 387).
  3. Tertull. Apolog. c. 16. Dans Origen. contra Cels. VI. 30, Celse appelle les chrétiens des ὀνοϰέφαλοι. Conf. Hasaeus, diatribe de onolatria olim Judæis (Tac. hist. V, 4. Diod. Sicul. apud Phot. bibl. cod. 244) et Chnstianis impacta. Lips., 1716, 4 Münter, les Chrétiens dans les familles païennes, p. 15 sq.
  4. Cf. Tertull. Apolog., c. 40. Si Tiberis ascendit in mœnia, si Nilus non ascendit in arva, si cœlum stetit, si terra movit, si fames, si lues, statim : Christianos ad leonem ; — et le Comment. de Havercamp. Arnob. adv. Gentes répond déjà très-bien « Si Allamanos, Persas, Seythas idcirco voluerunt (dii gentilhum) devinci, quod habitarent et degerent in eorum gentibus christiani ; quemadmodum Romanis tribuere victoriam, quum habitarent et degerent in eorum quoque gentibus chustiani ? » I, 6. (Galland. Biblioth., t. IV, p. 136.) Cf. Justin. Apolog. I, c. 12 au comm.
  5. Tacit. Ann. XV, 44, Superstitio exitiabilis, odium generis human