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de sacrifier aux idoles. On devait les y contraindre par de lentes tortures. La promulgation de l’édit impérial excita une terreur universelle. Beaucoup de chrétiens, surtout des classes élevées, apostasièrent. Dèce s’était mis à l’œuvre avec une résolution effrayante. Il voulait renverser radicalement l’Église, en faisant périr les ecclésiastiques, non qu’il fût poussé par sa haine contre Philippe l’Arabe, qui avait été favorable aux chrétiens, ni qu’il eût une prédilection particulière pour la religion païenne, mais il était convaincu que, d’après son essence, le Christianisme était incompatible avec la constitution et l’esprit de l’empire romain. C’est pourquoi il insistait pour que les églises fussent détruites, pour qu’on employât les supplices les plus raffinés, qu’on n’eût égard ni à l’âge, ni au sexe, ni à l’état ; il voulait briser la fermeté des chrétiens. L’Église eut en effet la douleur de voir chanceler et tomber beaucoup de ses enfants (lapsi : thurificati, sacrificati, libellatici, acta facientes). Mais il y en eut un bien plus grand nombre qui restèrent fidèles à la foi et la scellèrent de leur sang : tels furent les évêques Fabien, de Rome ; Babylas, d’Antioche ; Alexandre, de Jérusalem. Les chrétiens qui fuyaient perdaient leurs biens en sauvant leur vie, et ne pouvaient plus revenir dans leur patrie[1]. Quand Dèce tomba devant les Goths, la persécution se ralentit [251-253], et les agitations politiques sous Gallus laissèrent quelques moments de repos à l’Église. On se contenta d’exiler les ecclésiastiques. Ainsi furent bannis, et plus tard mis à mort, les évêques Cornélius, Lucius, son successeur, et d’autres[2]. Cependant, ni les dures extrémités où furent réduits les Romains par les Goths et les autres Barbares, ni la prise d’Antioche par les Perses, ni les horreurs de la peste, ni les murmures d’un peuple exaspéré, qui attribuait toutes ces catastrophes aux chrétiens, ne purent porter l’empereur à des mesures aussi cruelles contre l’Église que celles de Dèce. Mais la persécution recommença systématiquement sous Valérien [253-260], quoiqu’il eût paru d’abord user d’indulgence. Poussé

  1. Euseb. VI, 39, 42 ; Lactant. de Mortibus persecut. c. 4 ; Cyprian. de Lapsis et epp. ill. temporis.
  2. Dion. Alex. dans Euseb. Hist. ecclesiast. VII, 1 Cypr. Ep. 57, p. 204 ; ep. 58, lib. ad Demetrian., p.431.