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sombre et plus triste. « À mesure, dit-il, que les chrétiens furent plus libres, ils tombèrent dans la négligence, la paresse, et l’envie ; ils s’armèrent les uns contre les autres et combattirent, par la parole comme par le glaive, évêques contre évêques, Église contre Église ; l’hypocrisie se joignit à la plus grande perversité. Mais alors la justice divine intervint ; le châtiment éclata avec la persécution suscitée contre les chrétiens engagés dans l’armée. » Le césar Galérius en fut le moteur. Sa mère Romula lui avait inoculé l’amour des superstitions païennes et la haine des chrétiens qui s’abstenaient des sacrifices idolâtres[1]. Galérius influença peu à peu l’esprit de Dioclétien, et, sa victoire sur les Perses, rappelant à l’empereur l’antique éclat de la puissance romaine, réveilla en lui le vif désir de restaurer le paganisme dans l’État, malgré la difficulté de cette entreprise, en face du développement toujours croissant du Christianisme. Convaincu, comme Dèce, que le Christianisme était incompatible avec l’empire romain, il résolut de prendre tous les moyens pour arriver à son but, d’étayer son projet de destruction par des moyens légaux comme par la violence, et à cet effet il convoqua une assemblée de jurisconsultes (Hiéroclès), de généraux, de gouverneurs ; il interrogea les entrailles des animaux, il consulta l’Apollon de Milet. De toutes parts on prononça l’arrêt des chrétiens[2]. Galérius sut profiter du moment favorable, tout à coup une troupe de soldats se précipite dans la magnifique église de Nicomédie et la détruit [23 févr. 303]. Les chrétiens, depuis longtemps paisibles, s’étonnent et s’alarment. Le lendemain un décret impérial ordonne d’incendier toutes les églises, de brûler tous les livres des chrétiens, de confisquer tous les biens ecclésiastiques, de priver de leurs dignités et des droits de cité tous ceux qui ne renieraient point le Christianisme[3]. Libre à chacun d’accuser les chrétiens. Tout chrétien qui ne renie pas sa foi est soumis à la torture. L’esclave chrét-

  1. Lactant. c. 11.
  2. Lactant de Mortib. persecut., c. 10, 11 ; Euseb. de Vita Const., Mag. II. 50.
  3. Lactant. c. 13 ; Euseb. VIII, 2. La 2e et 3e édit. Euseb. Hist. ecclesiast. VIII, 6.