d’être chrétiens, s’ils l’entendaient ainsi, et de se réunir dans leurs assemblées, mais à la condition de n’entreprendre rien de nuisible à l’État et même de prier leur Dieu pour l’empereur et l’empire[1]. »
Sur ces entrefaites Constantin, à la vue du signe miraculeux de la croix[2], ayant remporté sur Maxence une victoire jusqu’alors douteuse [312], qui le rendit seul maître tout-puissant de l’Occident, promulgua avec Licinius, auguste de l’Europe orientale, un édit contraire aux opinions politiques dominantes sur la suprématie de la religion de l’État et qui accordait aux chrétiens une liberté de religion et de conscience universelle et absolue [312]. Un édit plus libéral encore parut bientôt à Milan [313] et rendit complète la joie des chrétiens[3]. Cet édit, non-seulement accordait aux chrétiens, comme aux autres sujets de l’empire, d’exercer librement leur religion, mais encore il permettait à chacun d’embrasser le Christianisme ; de plus, on devait leur rendre les églises et les biens qu’on leur avait enlevés, en indemnisant les acquéreurs actuels avec les fonds de l’État. « Cet exemple des deux empereurs ne permit pas à Maximin de rester seul, en Orient, à persécuter les chrétiens. Il adressa, par conséquent, un édit hypocrite au préfet Sabinus. Mais enfin sa défaite près d’Andrinopolis, où il fut battu par Licinius, le fit réfléchir et sembla avoir changé ses dispositions à l’égard des anciennes victimes de sa fureur. Il accorda publiquement aux chrétiens d’Orient les libertés qu’ils avaient obtenues en Occident, et mourut bientôt après, à la suite d’une effroyable maladie. Constantin et Licinius restèrent seuls maîtres de l’empire romain, dans lequel le Christianisme sembla avoir remporté une victoire définitive et perpétuelle sur le paganisme, dont les empereurs avaient proclamé d’avance le triomphe par cette
- ↑ Lactant. loc. cit., c. 34 ; Euseb. VIII, 17.
- ↑ Euseb. Vita Const. I. 27-30. Cf. par le signe avec l’inscription : τούτῳ νίκα, Socrat. Hist. eccles. I, 2 ; Lactant. de Mortib. persecut. c. 44 ; Sozom. Hist. ecclesiast. I, 3 ; Rauscher, p. II, p. 208-10 et 215. — Hug. Justification de Constantin le Grand (journal ecclésiast. de l’archevêché de Frib. 1830, 3e livr., p. 53-70) ; Dieringer, Système des faits divins, t. I, p. 207-213.
- ↑ Lactant. I. c. 48 ; Euseb. Hist. ecclesiast. X, 5.