Page:Alzog - Histoire universelle de l’Église, tome 1.djvu/237

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

africain Arnobe, de persécuteur devenu fidèle, donna au commencement de la persécution de Dioclétien, une preuve authentique de sa conversion sincère et de l’esprit chrétien qui l’animait, en écrivant contre les Gentils sept livres, où il dévoile les vices et les absurdités du paganisme et défend souvent avec éclat la doctrine évangélique[1].

Toutes ces apologies se réduisent à trois chefs principaux :

1o elles tendent à réfuter les accusations d’athéisme[2], de crimes contre nature, de haute trahison, etc. ; elles répondent à l’objection de la nouveauté en exposant l’harmonie de l’Ancien et du Nouveau Testament, en démontrant que le Christianisme est plus ancien que tous les systèmes philosophiques, avec lesquels il ne peut se confondre, comme le prétendaient les Alexandrins ; enfin elles réclament contre l’illégalité des jugements prononcés contre les chrétiens.

2o Elles démontrent que le paganisme est le plus monstrueux égarement de l’esprit humain, en rappelant l’immoralité et la folie de tant de cultes divers et la corruption générale des mœurs des païens, destitués de tout moyen vivant et véritable de moralisation et d’épuration. « Le paganisme et le polythéisme n’ont pu trouver tant d’accès que dans des cœurs obscurcis et corrompus par le péché, » car le culte des païens n’est que le culte des démons[3].

3o Enfin elles exposent la pureté de la doctrine chrétienne. Elle est si conforme à la raison que l’âme humaine, naturellement chrétienne (anima naturaliter Christiana), la comprend tout d’abord. Elle est constatée, dans le fait, par l’accomplissement des prophéties ; elle transmet aux hommes une force toute divine, que prouve, aux yeux de tous, la vie noble et pure des chrétiens, si opposée à la vie grossière des païens. Le Christianisme, bien loin d’être la source des malheurs publics qu’on lui attribue, en est le

  1. Arnob. Disput. adv. gent., lib. VII, ed. Salmasius e recens. Heraldi cum notis aliorum. Lugd. Batav., 1651. in-4 ; ed. Orelli. Lipsiæ, 1810, additam. 1817 (Gallandii Biblioth., t. IV, p. 131-216). Cf. Meyer, de Ratione et argumento Apologetici Arnobiani. Havn., 1815).
  2. Justin. Apol. I, c. 6 et 13.
  3. Ps. XCV, 5 ; 1 Cor. X, 29 ; Justin. Apolog. I, c. 9 ; II, c. 10.