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les rapports de l’histoire antérieure au Christianisme avec le Christianisme lui-même[1]. Origène, le plus illustre de ses disciples, garda d’abord le silence, comme le Sauveur devant Pilate, ne jugeant pas les libelles de Celse et consorts assez importants pour pouvoir égarer de vrais croyants. Mais bientôt après, il composa, à la prière de son ami Ambroise, et en réponse aux attaques de Celse, l’apologie du Christianisme la plus complète et la plus solide qui eût encore paru[2].

En Occident, la plus ancienne défense du Christianisme est l’Octave de l’Africain Minutius Félix (sous Marc-Aurèle ou Antonin) ; c’est un dialogue d’une forme agréable, dans le genre des Tusculanes : le païen Cécilius y présente les objections les plus ordinaires de cette époque ; le chrétien Octave les réfute, et Cécilius finit par s’écrier « Nous avons triomphé tous deux : toi de moi, moi de l’erreur[3] ! » Plus habile et plus éloquent que tous ses prédécesseurs, Tertullien entreprit victorieusement la justification politique des chrétiens dans son Apologétique[4]. Il y parle non-seulement comme jurisconsulte, mais encore comme philosophe ; il démontre la vérité de la religion chrétienne, par cela seul que l’âme humaine est naturellement chrétienne, tandis que le paganisme est faux parce qu’il est essentiellement contraire à la nature humaine. L’éloquent et saint évêque de Carthage, Cyprien, demanda à son tour qu’on épargnât les chrétiens, en démontrant la vanité des idoles qu’ils repoussaient[5]. Enfin le rhéteur

  1. Clem. Alexand. Opp. omn. ed. Potter. Oxon., 1715, t. II, Venet, 1755. 1. Λόγος προτρεππιϰὸς πρὸς Ἕλληνας (Logos protreppikos pros Hellênas) ; 2. Παιδαγωγός (Paidagôgos) ; 3. Στρώματα (Strômata).
  2. Orig. Contra Cels. lib. VIII, ed. Spencer. Cantabr., 1677 (Orig., ed. De la Rue, t. I).
  3. Ed. Lindner. Longosal., 1773. – Nouv. édit. crit. d’Ed. de Muralto, præfatus est Orelli. Tur., 1836, p. 1-17. argumenta IX, quæ probant apologeticum Minucianum non minus ante Tertullianeum quam ante Cypriani librum de vanitate idolorum esse sriptum.
  4. Tertull. ad Nation. lib. II ; ad Scap. procons. (Opp. omn. ed. Havercamp, c. perpetuo commentario. Lugd, Bat., 1718 ; ed. Ritter. Bonn, 1824). Hefele, Tertull. comme apologiste (Tub., Revue trimestrielle, 1834, 1re  livrais., p. 30).
  5. Cypr. ad Demetrian. de idolor. vanit. (Opp. omn. Venet., 1728, p. 431-462).