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Page:Alzog - Histoire universelle de l’Église, tome 1.djvu/266

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périeux pour les fidèles d’observer consciencieusement les nouveaux commandements du Saint-Esprit[1]. Les catholiques se montrèrent peu disposés à embrasser cette erreur, déjà condamnée par plusieurs synodes tenus en Asie-Mineure depuis les temps apostoliques ; aussi les Montanistes les nommèrent-ils les charnels (ψυχιϰοί), tandis qu’ils s’appelaient les spirituels (πνευματιϰοί). Ils en appelèrent à Rome, appuyés qu’ils étaient par les recommandations des confesseurs de Lyon et de Vienne. Déjà le pape abusé (Éleuthère ou Victor ?) se montrait favorable à leur égard, lorsque le confesseur Praxeas, se rendant en toute hâte à Rome, dévoila leurs erreurs et les fit rejeter. Alors leur polémique ne connut plus de bornes et ils allèrent jusqu’à repousser parfois complétement l’autorité doctrinale de l’Église catholique[2].

Le gnostique égyptien Hiéracas[3] développa des principes d’un rigorisme et d’une sévérité encore plus outrée que ceux des Montanistes, avec lesquels il avait d’ailleurs beaucoup d’affinité.

Une secte toute contraire à l’illuminisme des Montanistes naquit de la polémique passionnée qu’ils avaient excitée. Cette secte nouvelle, moins nombreuse, non-seulement niait le don de prophétie des Montanistes, mais encore tout don de l’esprit en général ; et superficielle dans sa doctrine, comme elle était exagérée dans sa réaction, elle rejeta l’É-

  1. Le principe montaniste, dans Tertull., de Virginib veland., c. 1 : « Regula quidem fidei una omnino est, sola immobilis et irreformabilis. Hac lege fidei manente, cætera jam disciplinæ et conservationis admittunt novitatem correctionis, operante se, et proficiente usque in finem gratia Dei. Propterea Paracletum misit Dominus, ut quoniam humana mediocritas omnia semel capere non poterat (Joan. XVI, 12-13), paulatim dirigeretur et ordinaretur et ad perfectum perduceretur disciplina ab illo vicario Domini Spiritu sancto. Quæ est ergo Paracleti administratio nisi hæc, quod disciplina dirigitur, quod Scripturæ revelantur, quod intellectus reformatur, quod ad meliora proficitur ? Justitia primo fuit in rudimentis ; nunc per Paracletum componitur in maturitatem.
  2. Tertull. de Pudicitia, c. 21 : « Et ideo Ecclesia quidem delicta donabit, sed Ecclesia spiritus per spiritualem hominem (Montanistarum), non Ecclesia numerus episcoporum (catholic.) Domini enim non famuli est jus et arbitrium ; Dei ipsius, non sacerdotis. » P. 744.
  3. Epiph. Hær. 67 (Opp., t. I, p. 709 sq.).