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Page:Alzog - Histoire universelle de l’Église, tome 1.djvu/268

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Christ, était devenu homme et avait souffert (patripassionistes).

3o D’autres, enfin, niaient la divinité du Christ, mais admettaient encore certains rapports entre la Divinité et Jésus, considérant le Fils et l’Esprit saint comme deux puissances divines, comme deux modes de manifestation.

À la première classe appartenaient, outre les Ébionites déjà cités et les Aloges, Théodote, corroyeur de Byzance [vers 192]. Il avait, disait-on, renié le Christ dans une persécution, et avait répondu pour se justifier : « Ce n’est pas un Dieu, mais un homme que j’ai renié. — Quel homme ? lui demandait-on. — Le Christ, » reprit-il. Il reconnaissait cependant dans le Christ le Messie annoncé par l’Ancien Testament, et sa naissance miraculeuse de la Vierge Marie. Excommunié par le pontife romain Victor, il devint le chef d’un parti hérétique qui s’occupait surtout de mathématiques et de dialectique péripatéticienne, et qui, considérant l’Écriture sainte comme tout autre ouvrage profane, la falsifiait en beaucoup d’endroits : il y eut même un moment un évêque dans ce parti : ce fut Natalis, confesseur séduit. Artémon, devenu à son tour chef de cette secte, considérait la foi du Christ-Dieu comme un retour au paganisme par le polythéisme, et prétendait, contrairement aux traditions les plus positives des plus anciens docteurs de l’Église et aux saintes Écritures, que cette foi en la divinité du Christ ne datait que de Zéphyrin, évêque de Rome. Enfin, cette secte compta encore parmi ses partisans Théodote le Jeune[1]. Celui-ci, de changeur, devint le fondateur des Melchisédéciens[2], qui adoraient dans Melchisédec une théophanie nouvelle, une manifestation divine incomparablement supérieure à celle du Christ.

La seconde classe commença avec Praxéas[3], qui, après avoir été confesseur sous Marc-Aurèle, était allé à Rome pour y déjouer les intrigues des Montanistes [vers la fin du IIe siècle]. Mais à Rome, comme plus tard en Afrique, il enseigna qu’il n’y a dans l’essence divine qu’une hypostase,

  1. Voir Dict. des hérésies, par Pluquet. art. Melchisédéciens.
  2. Euseb. Hist. ecclesiast. V, 28 ; Tertull. de Præscr. append., c. 53 ; Theodoret. Hær. Fab. II, 4 sq ; Epiph. Hær. 54 et 55 (t. I, p. 462 sq.).
  3. Tertull. Adv. Prax. (p. 634-65). Cf. Mœlher, I, c., 74-84.