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Page:Alzog - Histoire universelle de l’Église, tome 1.djvu/269

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qui, sortie d’elle-même et nommée Fils, sous cet état descendit dans la Vierge Marie, fut enfanté par elle et souffrit parmi les hommes. Il renonça cependant à son erreur, après diverses explications, et donna même caution de sa foi, conforme à celle de l’Église, comme nous l’apprend son ardent antagoniste Tertullien ; tandis qu’à Smyrne Noëtus[1] [vers 200], s’appuyant sur les textes de saint Jean, X, 30, XIV, 8, soutenait les mêmes erreurs, était vivement combattu par Hippolyte et définitivement rejeté par l’Église. Épigone, disciple de Noëtus, apporta cette doctrine à Rome, et Cléomène, son successeur, fut, sous le pape Zéphirin [202-218], à la tête du parti des patripassionistes, et s’attira le blâme d’Hippolyte par la licence de ses mœurs. Zéphirin, successeur de Calliste, ne se montrant pas assez sévère contre les sectaires, au dire de leurs adversaires, il s’éleva contre ce pape une opposition violente, qui alla jusqu’à le soupçonner et l’accuser. Bérylle, évêque de Bostra[2], en Arabie, prit à son tour le parti des patripassionistes, et soutint qu’avant son incarnation le Logos n’avait point existé comme personne divine (hypostase), qu’il n’avait existé en Dieu que comme pensée et par la prévision de sa destination future. En vain plusieurs conciles cherchèrent à le convaincre de son erreur ; il ne la reconnut et ne la rejeta entièrement qu’après avoir été convaincu par les victorieux enseignements d’Origène [244], auquel il témoigna même sa reconnaissance.

L’opinion de la troisième classe s’appuyait surtout sur celle des juifs alexandrins, qui soutenaient que le Dieu caché ne se manifeste que par des puissances semblables aux rayons lumineux émanés du soleil, savoir : 1o par une intelligence pleine de lumière qui demeure d’abord en Dieu (λόγος ἑνδιάθετος) et se manifeste au dehors, comme l’homme par sa parole (λόγος προφοριϰός) ; 2o par une puissance pleine

  1. Hippol. Contra hær Noët. (Opp. ed. Fabr. Hamb., 1716, t. II, p. 5 sq. ; Galland. Biblioth., t. II, p. 454-95) ; Philosophumena, I, 9 ; Epiph. Hær. 57 ; Theodoret. 1. c., III, 3. Cf. Nat. Alex. Hist. eccles. sæc. III, diss. 25 (t. VI, p. 375 sq.). Dœllinger. Hippolyte et Calliste, p. 197 sq.
  2. Euseb. Hist. eccles. VI, 33. Cf. c. 20 ; Hieron. de Viris illustr., c. 60 ; Ullmann, de Beryllo Bostren. ejusque doctr. Hamb., 1835, in-4.