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Page:Alzog - Histoire universelle de l’Église, tome 1.djvu/275

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la foi, sous le rapport du temps et de l’espace, ou le principe de la tradition, comme règle[1] de foi universelle et infaillible, que les Pères de l’Église mettent d’abord et toujours en avant dans leurs luttes contre l’esprit de séparation, les tendances à l’isolement et les conceptions partielles des hérésies. Et voici comment saint Irénée et Tertullien ont résumé la doctrine de l’Église à cet égard :

1o Toute chose doit être vue dans son origine. La vraie doctrine du Christ doit donc être examinée d’après ses sources, savoir : l’enseignement des apôtres, organes choisis par le Christ lui-même. Eux seuls ont connu toute vérité et en ont confié le riche dépôt à l’Église fondée par eux[2].

2o Les apôtres sont morts, mais ils continuent à vivre et à enseigner par leurs successeurs, les évêques, qui conservent, comme le plus précieux des dépôts, la tradition apostolique et la sainte Écriture. On peut suivre dans les Églises apostoliques la série non interrompue des successeurs des apôtres, jusqu’au moment actuel[3].

3o Toutes les Églises fondées par les apôtres dans l’Asie Mineure, la Grèce et l’Italie, s’accordent aussi parfaitement dans leur doctrine que si elles demeuraient dans une même maison, que si elles n’avaient qu’un cœur, qu’une âme : irrécusable preuve de leur fidélité à conserver la vérité apostolique. Car, comment cette unité entre des

    suivant leur sentiment personnel et leurs opinions propres, la doctrine chrétienne, comme s’il se fût agi des systèmes des écoles, et l’exposaient dans un sens contraire à la vérité et à la foi commune. C’est pourquoi Clém. d’Alexand. dit Ὅτι τῶν αἱρέσεων ἄναγκὴ τὴν ὀνομασίαν πρὸς ἀντιδιαστολὴν τῆς ἀληθείας λέγεσθαι γιγνώσκομεν — αὐχοῦσι προιστασθαι διατριβῆς μᾶλλον ἢ Ἐκκλησιας. Strom. VII, 15, p. 889. Ce contraste de l’uniformité de doctrine dans l’Église catholique et de la diversité des opinions dans les sectes séparées de son sein (ταὐτὰ μοὶ δόξαντες, ἑτεροδοξοῦντες) se trouve déjà marquée dans les plus anciens monuments de la littérature chrétienne, dans Ignat. ep. ad Smyrn., c. 6 ; dans Justin. Dial. c. Tryph. c. 48, ad fin. (Galland. Biblioth., t. I, p. 504).

  1. Cf. 2 Thess. II, 14, 15. Στήκετε, καὶ κρατεῖτε τὰς παραδόσεις, κ. τ. λ.. Polycarpi ep. ad Philopp., c. 7 (Patr. apostol. ed. Hefele, p. 121).
  2. Tertull. de Præscr., c. 20 et 27 ; Iren. Contra hœr. III, 4, n. 2.
  3. Iren. Contra hær. III, 3, n. 2 et 3 ; Tertull., I. cit., c. 32.