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Page:Alzog - Histoire universelle de l’Église, tome 1.djvu/280

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Mais les difficultés naquirent et la lutte s’engagea vivement entre la vérité et l’erreur, quand il fallut, par suite des exigences inévitables de l’esprit humain, établir nettement, et il y eut bien des écarts à éviter, le rapport de la divinité du Fils et du Père, et l’exprimer en termes précis.

L’idée, empruntée par Théophile d’Antioche[1] et d’autres aux Alexandrins, d’un λόγος ἐνδιάθετος et προφοριϰός, était déjà inconvenante par elle-même. Elle n’était, d’ailleurs, en aucune façon propre à exprimer complétement la doctrine de l’Église, à savoir que le Christ est le vrai Dieu, un avec le Père, mais une personne distincte du Père, dont il est la manifestation substantielle, en même temps qu’il est le créateur du monde. On blâma donc, à juste titre, l’adoption de la formule alexandrine[2]. Le Verbe, disait-on, n’est ni une parole qui se révèle et s’évanouit (προφοριϰός), ni une simple pensée, existante comme mode et non substance. Sa sortie du Père n’est ni une séparation ni un amoindrissement du Père. Cependant, les théologiens, d’accord avec la doctrine de l’Église, en maintenant que le Fils de Dieu est une personne, éternellement semblable à elle-même, entendaient par les mots λόγος ἐνδιάθετος qu’il a son principe en Dieu, et, par λόγος προφοριϰός, que non-seulement il est substantiellement caché en Dieu, mais encore qu’il se manifeste activement au dehors de Dieu. On s’en tint donc plus étroitement à l’expression λόγος et aux autres termes employés par saint Jean, pour exprimer le rapport du Fils au Père, et l’on nomma le Fils la révélation du Père. Le père, disait-on, se contemple lui-même dans son fils[3]. Le fils, écrivait Athénagore en se servant d’une expression qui n’est pas tout à fait heureuse, est le λόγος τοῦ πατρός ἐν ἰδἑᾳ ϰαἱ ἐνεργείᾳ, c’est-à-dire que le Fils serait sorti du Père pour manifes-

    hær. III, 19 : « Ipse proprie, præter omnes qui fuerunt tunc homines, Deus et Dominus et Rex æternus et Unigenitus et Verbum incarnatum prædicatur, etc. » P. 212.

  1. Theophil. Adv. Autolyc. II, 10, 22 (Galland. Biblioth., t. II, p. 95, 105).
  2. Iren. Contra hær. II, 28. Voyez Klee, Hist. des dogmes, t. I, 186.
  3. Iren. Contra hær. IV, 6, n. 6.