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Page:Alzog - Histoire universelle de l’Église, tome 1.djvu/281

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ter l’idée de toutes choses et pour que la création fût[1]. L’expression de Tertullien fut plus vraie et plus significative : Le Père et le Fils font l’Être divin unique, la substance divine unique (substantia), distincte en deux personnes[2].

L’hérésie de Bérylle, concernant les rapports intimes du Père et du Fils, donna lieu, dans l’Église grecque, à des débats longs et fréquents sur les mots οὐσία et ύπὁστασις, qui, signifiant à la fois la substance et la personne, donnaient à la formule : Le Père et le Fils sont d’une même substance (μιᾶς οὐσίας), en même temps le sens de : font une même personne[3]. On proposa donc d’y substituer : ἐτἐρας οὐσίας ϰαἱ ἐτέρου ὑποϰειμένου, formule que le concile d’Antioche de 269 paraît avoir rejetée, parce qu’elle fut faussement interprétée par Sabellius d’abord, et par Paul de Samosate, qui se servirent de l’expression ὁμοοὐσιος pour confirmer leur erreur[4]. Néanmoins, ce terme si souvent employé de ὁμοοὑσιος, fut sanctionné, comme expression de la foi de l’Église, après les explications de Denys d’Alexandrie et de Denys de Rome, qui montrèrent quel sens il faut attribuer à ce mot, exprimant une substance semblable avec une distinction de personnes.

À cette foi si explicite en la divinité du Christ, l’Église catholique ajoutait la foi en son humanité. Le Christ, disait-

  1. Athenag. Legat. pro Christian. c. 10 (publ. par Prudent. Maranus ; Galland. Biblioth., t. II, p. 10. Cf. Staudenmaier, Philosophie du christ., p. 344-48).
  2. Tertull. Adv. Prax., c. 3, 4, 8, 16.
  3. Cf. Petavius, de Trinit., IV, 5, de vocabulo τοῡ ὁμοούσιου, etc. (theolog. dogm., t. II, p. 179).
  4. C’est dans une lettre des sémiariens, vers 358, que pour la première fois on rapporte que le concile d’Antioche de 269 rejeta l’expression ὁμοούσιος, ce qu’accordent Hilarius. de Synod., c. 86, et Athanas. de Synod. Armin et Seleuc., c. 43, parce qu’ils n’étaient pas mieux informés. Cf. Basil. ep. 52. Mais le silence des autres contemporains, même d’Eusèbe, opposé à l’ὁμοούσιος, est très-étrange. Cf. Prudentius Maranus, Diss. sur les sémiariens (Voigtii Biblioth. hist. hæresiologicæa, t. II, p. 159). Feuerlini Diss. Dei Filium Patri esse ὁμοούσιον antiqui Eccl. doctores in Concil. Antioc. utrum negarint. Gœtt., 1755, in-4 ; Petavius, de Trin., lib IV, c. 5 (Theolog. dogm., t. II, p. 179) ; Dœllinger, Man. de l’hist ecclés., p. 269 sq. Rev. trim. de Tub. 1850, p. 3-23 ; Nottebaum, de Personæ vel hypostasis apud Patres theologosque notione et usu ; Soest., 1853.