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Page:Alzog - Histoire universelle de l’Église, tome 1.djvu/284

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main, cherchant à comprendre clairement les enseignements de l’Église car savoir est un imprescriptible besoin de l’intelligence humaine, et les vrais membres de l’Église, catholique le sentirent vivement. Les chrétiens avaient, dans les premiers temps de l’Église, presque toujours admis son enseignement avec une foi simple et ferme, sans prétendre le comprendre scientifiquement mais à la fin du IIe siècle, se manifesta une très-vive tendance à établir scientifiquement la doctrine historiquement transmise, et à s’élever de la connaissance empirique à la science réfléchie. De tristes expériences avaient déjà prouvé dans quelles erreurs cette tendance pouvait jeter l’esprit humain. C’est pourquoi l’Église catholique donna une base sûre à la science, que, contrairement aux gnostiques et suivant l’Apôtre[1], elle considérait comme le don du petit nombre, puisque parmi les apôtres eux-mêmes, disait-on, Pierre, Jean, Jacques et Paul étaient les seuls qui l’eussent obtenu.

Et d’abord l’Église ne pouvait admettre que la science dût suppléer à des lacunes dans la doctrine transmise par le Christ et les apôtres. La science, disait l’Église, a pour base immuable la doctrine apostolique ; le plus savant et le plus éloquent des chefs de l’Église ne peut rien ajouter, rien ôter à la foi, une et la même pour tous[2]. La certitude acquise par la science des vérités de la foi n’est pas plus grande que celle qui naît immédiatement de la foi : sans cela, dit Origène, la plupart des hommes, qui n’ont ni la capacité, ni le temps nécessaire pour faire des recherches philosophiques, seraient privés du plus grand des bienfaits de Dieu. Ce n’est donc pas le fond même de la science, mais la forme qui distingue le gnostique chrétien du simple fidèle : les vérités de la foi que celui-ci admet comme un fait, celui-là les comprend dans leur nécessité et leur ensemble[3]. Clément d’Alexandrie prouve que la

  1. I Cor. XII, 8 ; Origen. de Princip. præf., n. 3 (t. I, p. 47) ; Cf. supr., § 49, n. 2.
  2. Iren. Contra hœr. I, 3, n. 6 ; I, 10, n. 2.
  3. Voici comment Clément d’Alex. distingue la foi de gnose : Ἡ μὲν οὗν πίστις σύντομός ἐστὶν, ὡς ἕπος εἰπεῖν, τῶν κατεπειγόντων γνῶσις (la connaissance abrégée des choses nécessaires) ; ἡ γνῶσις