Aller au contenu

Page:Alzog - Histoire universelle de l’Église, tome 1.djvu/285

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

vraie gnose repose sur la foi commune, en remarquant que la divinité du Christ une fois admise, il serait insensé de faire dépendre l’adhésion à la religion chrétienne d’une démonstration scientifique : « Il suffit, dit-il, que Dieu nous donne la solution des questions qui nous agitent ; — quiconque croit au Verbe, sait la vérité des choses, car le Verbe est la vérité ; mais qui ne croit pas au Verbe ne croit pas Dieu même[1]. » Du reste, ajoute-t-il, ce n’est pas une chose propre à la théologie que de reposer sur la foi comme base absolue, puisque toute science est fondée en définitive sur cette base nécessaire[2].  On ne peut prétendre, non plus, que la science soit absolument démonstrative et repose en tous points sur des bases logiques, puisqu’il y a et qu’il doit y avoir nécessairement des principes indémontrables. C’est pourquoi les philosophes grecs, chacun à sa manière sans doute, mais tous évidemment, et Aristote surtout, ont reconnu que la croyance est le fondement de la science ; ainsi se justifie, comme une vérité universelle, la parole du Prophète (comprise dans un certain sens) : Nisi credideritis, non intelligetis[3]. Fidèles à ce principe, les savants théologiens de l’Église posaient la foi commune de l’Église comme la source et la règle de leur doctrine et de leurs développements scientifiques[4], et démontraient la foi par la foi. Foi et science étaient inséparables à leurs yeux[5] : la science suppose toujours la foi, et la foi mène toujours à la science. Conf. Heb. V. 12 avec VI. 2-3, ou les στοιχεῖα τῆς ἀπ’ ἀρχῆς τῶν

    δὲ, ἀπόδεξις τῶν διὰ πίστως παρειλημμένων ἰσχυρὰ καὶ βέβαιος, διὰ τῆς κυριακῆς διδασκαλίας ἐποικοδομουμένη τῇ πίστει, εἰς τὸ ἀμετάπτωτον καὶ μετ’ ἐπιστήμης καὶ καταληπτόν παραπέμπουσα (la gnose est la démonstration forte et certaine des choses admises par la foi). Strom. VII, 10, p. 865. Cf. Aristotelis Metaphys. III, 4.

  1. Strom. II, 21, p. 433 et 441 ; Ibid. II, 4, p. 434.
  2. Strom. II, 4, p. 435. Εἰ δέ τις λέγοι τὴν ἐπιστήμην ἀποδεικτικήν εἶναι μετὰ λόγου, ἀκουσάτω ὅτι καὶ αἱ ἀρχαι ἀναπόδεικτοι· οὔτε γὰρ τέχνῇ, οὓτε μὴν φρονὴσει γνοσταί..
  3. Isaïe, VII 9.
  4. Iren., Contra hær. I, 10, n. 1 ; Orig. de Princip. præf. n. 4, t. I ; p. 47.
  5. Clem. Alex. : Ἤδη δὲ, οὔτε ἡ γνῶσις ἅνευ πίστεως, οὔθ' ἡ πίστις ἄνευ γνῶσεως. Strom. V, 1, p. 643. Orig. ep. ad Gregor. Thaumat. (Orig. opp. t. I, p. 30). Voy. dans Theophit. ad Autolyc. I, 8.