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Page:Alzog - Histoire universelle de l’Église, tome 1.djvu/287

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exigeait que des théologiens philosophes prissent une position nette à l’égard du philosophisme du siècle, et particulièrement du platonisme, et que, s’appropriant la science grecque, dans l’intérêt de l’Église, ils servissent d’intermédiaires entre celle-ci et les païens instruits, et leur montrassent que le Christianisme répond aux exigences de l’intelligence et satisfait parfaitement aux besoins de l’esprit humain. L’école catéchétique fondée à Alexandrie vers le milieu du IIe siècle, à la façon des écoles philosophiques de la Grèce, et placée sous la surveillance de l’évêque, fut surtout favorable à ce dessein. Alexandrie, centre du monde civilisé et en quelque sorte la grande université de l’antiquité, où, depuis les efforts faits par Philon, pour unir Platon et Moïse, se rencontraient et se formulaient les doctrines les plus diverses dans une foule d’écoles, devait paraître le lieu du monde le plus approprié à la fondation d’une école savante et chrétienne. Pantène [vers 180], attiré du stoïcisme[1] à l’Église par un des disciples des apôtres, passe pour le premier chef de cette école. Il donna des preuves de la science, de l’étendue de son esprit et de son talent pour l’enseignement dans les leçons qu’il fit sur l’Écriture sainte, par lesquelles il gagna à la vérité le plus célèbre de ses disciples et son successeur immédiat, Titus Flavius Clément[2], qui jeta un si grand éclat sur l’école. Clément, né probablement à Athènes, de parents païens qui l’élevèrent dans les principes du paganisme, ne fut éclairé de la lumière du Christianisme que dans l’âge mûr. De longs voyages en Grèce, en Italie, en Palestine, en Orient, le mirent à même d’entendre de

    quæ Alex. flor. catechet. Stett., 1826, l P. ; Mœlher, Patrologie, t. I, p. 399-400 ; 430-576 ; Ritter, Hist. de la philos. chrét., t. I, p. 419-564 (Hist. de la philos., t. V). Jules Simom, Hist. de l’École d’Alexandrie, Paris, 1845. (Nous faisons nos réserves en citant cet auteur.)

  1. Hieronym. de Viris illustr., c. 36 ; Euseb. Hist. ecclesiast. V, 10 ; Photius, Cod. 180 ; Clem. Alex. Strom. I, 1, p. 322 sq.
  2. Voyez, pour la double opinion du lieu de sa naissance, Alexandrie ou Athènes ; Epiphan. Hær. XXXII, 6. Cf. Euseb. Præpar. evangel. II, 3 ; VI, 1, 3, 11, 14 ; Hieronym. de Viris illustr., c. 38, V ; Tillemont, t. III, p. 181-196. Λόγος προτρεπτίκος πρὸς Ἕλληνας ; στρώματα, lib. VIII ; τίς ὁ σωζόμενος πλούσιος, ed. Sylburg Heidelb. 1592, c. notis Heinsii Lugd. Batav., 1616, 3 t.