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Page:Alzog - Histoire universelle de l’Église, tome 1.djvu/288

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grands maîtres et d’acquérir des connaissances solides et variées dans toutes les branches de la littérature païenne. Mais son ardente soif d’une science plus vaste que celle qu’il avait puisée jusqu’alors dans les leçons des hommes ne fut apaisée que par la doctrine chrétienne et les savantes leçons de Pantène sur les saintes Écritures. Nommé [194-202], par l’évêque Démétrius, successeur de Pantène, il parvint à intéresser à son enseignement et à instruire dans l’Église beaucoup de païens instruits et distingués, qu’attiraient et charmaient sa vaste connaissance des lettres païennes, son entraînante éloquence et son esprit philosophique, devenu plus que jamais ferme, hardi et lumineux par l’influence du Christianisme. Doué d’ailleurs d’un rare don d’enseignement, il savait, parmi son nombreux auditoire, diriger chacun de ses élevés suivant ses besoins particuliers, et les faire tous avancer dans leur voie. Il fut troublé dans ces saints travaux par la persécution de Septime-Sévère [202]. Disciple éclairé du Christ[1], il quitta Alexandrie et alla vraisemblablement rejoindre son disciple, le célèbre évêque de Flaviade, en Cappadoce, Alexandre, qu’il suivit plus tard à Jérusalem, lorsque ce dernier en fut nommé évêque.

Suivant une direction contraire à celle de Tatien et de quelques autres chrétiens, dont l’hostilité contre toute la science grecque profitait peu à la propagation et au développement intérieur du Christianisme, Clément resta fidèle à la philosophie en général, et au platonisme en particulier. Justin avait admis dans la nature humaine quelque chose d’analogue au Verbe divin, à la Raison universelle, absolue et divine (σπέρμα τοῦ λόγου, λόγος σπερματικός), et avait conclu de là que les meilleurs d’entre les philosophes païens avaient eu une connaissance partielle de la vérité religieuse et morale[2]. Comme son saint et illustre de-

  1. Matth. X. 23.
  2. Justin. Apol. II, 8. Cf. Apol. II, 13. Οὐκ ἀλλότρια ἐστι τὰ Πλάτωνος διδάγματα τοῦ Χριστοῦ, ἀλλ' οὔκ ἐστι πάντη ὅμοια, ὥσπερ οὐδὲ τὰ τῶν ἅλλων, Στοικῶν τε καὶ ποιητων καὶ συγγραφέων. Ἕκαστος γάρ τις ἐφθέγξατο. — Ὅσα οὖν παρὰ πᾶσι καλῶς εἴρηται, ἡμῶν τῶν χῤιστιανῶν ἐστι. Apol., I, 46. Οἱ μετὰ Λόγου βιώσαντες χριστιανοί εἰσιν, κᾳν ἄθεοι ἐνομίσθαησταν· οἶον ἐν Ἕλλησι μἐν Σωκράτης καὶ Πράκλειτος καὶ ὅμοιοι αὐτοῖς