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Page:Alzog - Histoire universelle de l’Église, tome 1.djvu/313

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actes des conciles d’Afrique contre les prétentions de Félicissimus, et les décisions prises contre les chrétiens tombés (lapsi) dans la persécution. Que si, dans un cas particulier, Cyprien semble[1] méconnaître la suprématie d’Étienne, et attaquer dans un langage acerbe la conduite passionnée de celui-ci, il s’agit de décider qui mérite plus de confiance, de Cyprien exposant paisiblement ses vues sur l’Église et sa constitution et les confirmant par sa conduite, ou de Cyprien irrité, dans une cause personnelle, par la contradiction qu’éprouve son opinion évidemment erronée (l’invalidité du baptême des hérétiques). Le privilège que Rome réclame, les évêques le reconnaissent, tantôt spontanément, tantôt en répondant aux circonstances qui les sollicitent. Qu’on se rappelle particulièrement la conduite de Corneille dans celle de Novatus et de Félicissimus, d’Étienne dans les affaires des rebaptisants, de Denys contre Paul de Samosate et Denys d’Alexandrie. Les schismatiques Montanistes reconnurent eux-mêmes cette puissance de l’évêque de Rome lorsqu’ils en appelèrent à lui. Il en fut de même de l’empereur Aurélien.

Ainsi se manifeste de bonne heure, dans ses caractères fondamentaux cette organisation régulière et ferme qui devait constituer l’unité de l’Église, et qui allait, selon le temps et les circonstances, se développer, se fortifier, se compléter[2]. Le pontife qui contribua le plus, autant par

  1. Semble, parce que l’authenticité n’en est pas bien établie. Voy. infra, § 89. L’observation de Liebermann est très-juste : Cyprianus (in ep. 74, p. 294) in summum Pontificem ita acerbe invehitur, ut qui virum noverat tam moderatum, tam verecundum in Sedem romanam, jam Cyprianum in Cypriano quærat (Instit. theol. ed. V, t. IV, p. 235).
  2. Voici, d’après Iren. Contra hær. III, 3, n. 3 ; Euseb. Hist. eccl. III, 2, 13, 15, 34 ; V, 6, la série la plus vraisemblable des sept premiers évêques romains de cette période : 1. S. Pierre [42-67] ; 2. S. Lin (2 Timoth. IV, 21) ; 3. S. Anenclet (Anaclet ou Clet) ; 4. S. Clément (Philipp. IV, 3, 68-77, ou 92-101) ; 5 Évariste ; 6. S. Alexandre [jusq. 119] ; 7. S. Xyste (Sixte) [119-127] ; S. Télesphore [127-139]. Il est impossible de mettre d’accord les séries qui se trouvent dans Epiph., Optat. Mitevit., et August., surtout pour les quatre premiers évêques. On crut pouvoir conclure de l’épître de Clément aux Corinthiens qu’il régna de 68 à 77. Voyez Dœllinger, Man. de l’hist. eccles., t. I, sect. I, p. 87-90. À l’appui viennent les indications du plus ancien catalogue