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philosophe, comprenant l’idée du Christianisme, s’élève à la hauteur de l’unique conception historique qui soit lumineuse et vraie, qui lui montre l’homme, non pas jouet du sort, du fatum, du hasard, d’après les idées sombres et désolantes des historiens antiques, mais l’homme, toujours libre dans ses actions, que Dieu conduit, sans le contraindre, vers la fin suprême qu’il a marquée.

Mais il faut que l’histoire ecclésiastique s’élève plus haut encore. Le royaume de Dieu se développant parmi les hommes, telle est l’idée propre, telle doit être la pensée fondamentale et constante de cette histoire.

C’est dans cette idée qu’elle doit voir tous les faits se dérouler, c’est à cette idée qu’elle doit ramener tous les événements ; c’est par cette idée qu’elle doit nous faire saisir le rapport des parties avec le tout, et concevoir l’harmonie et l’unité de ce grand ensemble, de ce système vivant des faits providentiels[1]. Assurément, Dieu seul, ou celui auquel il lui plairait de la révéler, pourrait réaliser complètement celle philosophie. Que si cependant l’histoire ecclésiastique satisfait à toutes ces exigences, avec un sérieux moral soutenu, des vues théologiques éclairées et un style digne de ces objets sublimes, alors elle a tous les caractères de la science et en mérite à juste titre le nom.

§ 7. — Impartialité de l’historien ecclésiastique.

Les anciens disaient : L’historien ne doit avoir ni patrie ni religion ; les modernes prétendent qu’il doit être entièrement libre de préjugés. Ni l’un ni l’autre n’est possible. Personne ne peut échapper aux idées de patrie, de religion, d’Église, qu’on reçoit dès sa plus tendre jeunesse. On en est dominé quoi qu’on fasse, et ceux qui parlent si bien d’impartialité sont précisément esclaves d’un préjugé arbitraire. Telles ne sont pas les exigences de la loi de l’impartialité. Elle oblige seulement l’historien :

1o  À ne jamais altérer, sciemment et avec intention, les

  1. Cette pensée, émise par Staudenmaier, a été admirablement développée par Dieringer dans son Système des faits de Dieu dans le Christianisme. Mayence, 1841, 2 vol.