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Page:Alzog - Histoire universelle de l’Église, tome 1.djvu/334

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cite[1]. Origène[2], il est vrai, dans son amour pour l’allégorie, se sert souvent de termes équivoques, et Tertullien[3] n’est pas moins difficile à comprendre, pour le fond et pour la forme. Son style est si obscur et si embarrassé que deux théologiens protestants, s’appuyant du même texte, et l’un des plus frappants de Tertullien, sont arrivés à des conclusions diamétralement apposées. L’un y a trouvé les preuves de la vraie doctrine luthérienne sur l’Eucharistie ; l’autre a démontré qu’il n’y était nullement question de la réalité de l’Eucharistie, mais bien de la réalité du corps naturel du Christ niée par Marcion. Par contre, Justin parle déjà d’une manière positive d’un changement substantiel (μεταβολὴ) au corps et au sang de Jésus-Christ[4]. Une inscription chrétienne, en grec, qui date du IIIe siècle au plus tard, et qui fut découverte en 1839, à Autun, démontre de la même

  1. Clem. Alex. Pædag. I, 6 : Ὁ λόγος τὰ πάντα τῷ νηπίῳ, καὶ πατήρ, καὶ μήτηρ, καὶ παιδαγωγός, καὶ τροφεὺς· Φάγεσθε μου, φησὶ, τὴν σάρκα, καὶ πίεσθε μου τὸ αἶμα. Ταύτας ἡμῖν οἰκείας τρόφας ὁ Κύριος χορηγεῖ καὶ σάρκα ὀρέγει, καὶ αἶμα ἐκχει· καὶ οὐδὲν εἰς αὔξησιν τοῖς παιδίοις ἐνδεῖ· ὦ τοῦ παραδόξου μυστηρίου.. P. 123. Cf. 124 et 127 ; ibid. II, 2.
  2. Origen. τὀμος ; XI in Matth. n. 14 : « Et hæc quidem de typico et symbolico corpore. Multa autem de ipso Verbo dici queant, quod caro actum est, verusque cibus, quem qui comederit omnino in æternum vivet, quum nullus malus eum possit comedere, etc. » (T. III, p. 500.)
  3. Tertull. Adv. Martion. IV. 40 : « Christus professus itaque se concupiscentia concupiisse edere pascha, ut suum (indignum enim ut aliquid alienum concupisceret Deus) acceptum panem et distributum discipulis corpus illum suum fecit, hoc est corpus meum dicendo, id est figura corporis mei. Figura autem non fuisset, nisi veritatis esset corpus. Cæterum vacua res, quod est phantasma, figuram capere non posset. » P. 571. Cf. Rudelbach, Apologie, Hist. dogm. de l’Église luthér. et de ses principes. Leipzig, 1839, p. 645-64, Contre lui Baur, Doct. de Tertullien sur la Cène (Tub., Gazett. de théol. protest., an. 1830, 2e livrais., p. 56-144). D’après Néander (Antignosticus, Espr. de Tertull., p. 518), Tertullien aurait eu sur la Cène les mêmes opinions que Zwingle. Cf. pour cela les lumineuses explications de Mœhler, Patrologie, t. I, p. 773-77.
  4. Justin. Apolog. I, c. 66 : Καὶ ἡ τροφὴ αὔτη καλεῖται πάρ ' ἡμῖν εὐχαριστία, — οὐ γὰρ ὤς κοινόν ἄρτον, οὐδὲ κοινὸν πόμα ταῦτα λαμβάνομεν· ἀλλ’ ὄν τρόπον διὰ λόγου θεοῦ σαρκοποιηθεὶς Ἰησοῦς Χριστὸς ὁ Σωτὴρ ἠμῶν, καὶ σάρκα, καὶ αἶμα ὑπὲρ σωτηρίας ἡμῶν ἕσχεν, οὕτως καὶ τὴν δι εὐχῆς λόγου τοῦ παρ’ αὐτοῦ εὐκαριστηθείσαν, τρυφὴν, ἐξ ἢς αἶμα καὶ σάρκες κατά μεταβολὴν τρέφονται ἠμῶν, ἐκείνου τοῦ σαρκοποιηθέντος