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Page:Alzog - Histoire universelle de l’Église, tome 1.djvu/352

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Cyprien, pour tous ces martyrs, ces austères anachorètes, ces pieuses vierges, ces mères chrétiennes, qui furent la gloire de l’Église et qui nous remplissent d’une juste admiration, nous ne pouvons cependant passer sous silence les plaintes de beaucoup de docteurs de l’Église, dirigées contre ceux qui n’embrassaient le Christianisme que par des vues mondaines. Il faut se rappeler ceux qui, dans les persécutions, reniaient le Christ, leur Sauveur ; se souvenir de ceux qui rendirent nécessaire le code si ample de la pénitence ; penser enfin à ceux qui, pour ne pas rompre avec le monde, s’imaginaient superstitieusement pouvoir tout d’un coup, jouir de la vue et de l’union de Dieu en recevant le baptême au moment de la mort, et sans y être préparés par la pratique d’aucune vertu véritable. Ces tristes souvenirs nous empêcheront de ne voir que l’idéal de la religion et des mœurs dans les chrétiens des trois premiers siècles, et nous rappelleront que de tout temps des plantes parasites grandirent parmi les épis florissants de la moisson chrétienne.

Coup d’œil rétrospectif.

L’historien chrétien, en jetant un regard sur la période que nous venons de parcourir, voit avec joie que la vertu mystérieuse et puissante du Christianisme a peu à peu transformé et renouvelé la plus grande partie de l’empire romain, lui-même vainqueur du monde, et il peut s’écrier avec Clément d’Alexandrie : « Oui, vraiment, Jésus-Christ a changé des pierres en hommes, en amenant au Christianisme des hommes qui adoraient des pierres. Le Verbe de Dieu a mis des bornes aux flots de la mer, il a créé l’univers, il a fondé la terre sur ses bases ; mais il a détruit aussi l’empire de l’antique serpent qui, dans sa fureur, poussait tous les hommes à l’idolâtrie. » En même temps l’historien a acquis la conviction que l’Église catholique, durant cette sanglante lutte de trois siècles, non seulement a pu se dire, mais s’est montrée réellement d’institution divine, ayant conscience et intelligence de la parole du Seigneur : « Les portes de l’enfer ne prévaudront point contre elle. »