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Page:Alzog - Histoire universelle de l’Église, tome 1.djvu/396

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laquelle ils tombent, il raisonne ainsi : D’un côté vous niez que la création puisse être un acte immédiat de la puissance absolue de Dieu, parce que Dieu ne peut, en aucune manière, entrer en rapport avec la créature ; d’un autre côté vous admettez une créature de Dieu, en admettant un créateur du monde, créé de Dieu par un acte immédiat de sa puissance. Pourquoi donc un rapport immédiat ne pourrait-il pas exister entre Dieu et la création entière, comme entre lui et le Créateur du monde que vous supposez ? Que si un Être intermédiaire était nécessaire pour la création du monde, évidemment il fallait aussi un médiateur entre Dieu et la première créature, il en fallait un nouveau entre ce médiateur créé, et Dieu, puisqu’ils diffèrent nécessairement l’un de l’autre, de telle sorte que, de médiateurs en médiateurs, on arriverait à l’infini, et qu’il faudrait renoncer à l’idée même de la création. Partant de là, saint Athanase prouve de toutes manières que, d’après les idées ariennes, le Christ n’étant qu’une créature, on ne peut en attendre ni délivrance du péché ni réconciliation avec Dieu car toute créature, ayant besoin d’un médiateur, est incapable d’opérer l’union de l’homme avec Dieu. « Nous avons besoin, dit-il, d’un libérateur qui » soit par nature notre Seigneur, pour ne pas retomber » par cette libération sous la domination d’un faux Dieu. »

Arius, exilé, chercha à tromper l’empereur Constantin, en promettant de se conformer aux décisions de Nicée et en signant en effet une formule de foi équivoque (1). Il obtint ainsi la liberté de revenir [328]. Les évêques Eusèbe et Théognis obtinrent la même faculté. Constantin croyait par là hâter la paix. Mais, à peine de retour, les partisans d’Arius commencèrent à persécuter les plus zélés défenseurs de la foi de Nicée. Ils accusèrent Eustathe d’Antioche de sabellianisme et le déposèrent, malgré la résistance désespérée des fidèles de son Église [330] (2). Ils parvinrent à

(1) Cette formule d’Arius dans le Conc. Hierosol. (Harduin, t. I, p. 551 sq.; Mansi, t. II, p. 1155-1158) ; celle d’Eusèbe et Théogonis dans Sozom. Hist. ecclesiast. II, 16.

(2) Cf. Socrat. Hist. ecclesiast. I, 24 ; Sozom. Hist. ecclesiast. II, 19 ; Theodoret. 1, 21 ; Athanas. Hist. Arianor. n. 4 (Opp. t. I, p. 274) ; Euseb. Vita Const. Max. III. 59 s sq.