Page:Alzog - Histoire universelle de l’Église, tome 1.djvu/46

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porum, lux veritatis, vitæ memoria, magistra vitæ, nuntia vetustatis et la parole moins connue de Diodore, qui appelle l’histoire l’auxiliaire de la Providence, la prêtresse de la vérité, la mère de la philosophie ; et enfin le mot de Camille dans Tite-Live : Si hæc monumenta vitæ te non movent, nulla te movebunt. Tout cela n’est vrai que de l’histoire ecclésiastique : celle-ci, de plus, fait naître, excite puissamment les sentiments de religion et de piété, par la certitude qu’elle donne de la divinité du Christianisme et de l’Église, et par le nombre, la beauté et la grandeur des caractères qu’elle dépeint. Quelle supériorité sur l’histoire profane ! Aussi Eusèbe a fort bien dit[1] : « Les victoires sanglantes, les trophées de la guerre, les exploits des capitaines, la bravoure des guerriers qui se souillent de sang et de meurtre pour défendre leurs enfants, leur patrie, leurs richesses ; tel est l’objet de l’historien profane. Pour nous, qui écrivons l’histoire du règne de Dieu, nous gravons sur des colonnes impérissables les noms et les pacifiques victoires de ceux qui ont vaillamment combattu pour la vérité plus que pour la patrie, pour la religion plus que pour leur famille. Nous conservons l’éternelle mémoire de l’intrépidité des défenseurs de la religion, de leur courage dans la souffrance, de leurs triomphes sur des ennemis invisibles. »

L’histoire ecclésiastique met le théologien, représentant de l’intelligence dans l’Église, à même de rendre compte à chacun de la marche et des progrès de l’Église ; comme pasteur des âmes, elle lui apprend, par les

  1. Euseb. Hist. ecclesiast. lib. V. Massillon, Pensées sur différents sujets : « Dans les histoires que les hommes nous ont laissées, on n’y voit agir que les hommes. Ce sont les hommes qui prennent des villes, subjuguent les empires, qui détrônent les souverains, qui s’élèvent eux-mêmes à la suprême puissance : Dieu n’y paraît nulle part, les hommes en sont les seuls acteurs. Mais dans l’histoire des livres saints, c’est Dieu seul qui fait tout : Dieu seul qui fait régner les rois, qui les place sur le trône ou qui les en dégrade ; Dieu seul qui combat les ennemis, qui renverse les villes, qui dispose des États et des empires, qui donne la paix et qui suscite les guerres. Dieu seul paraît dans cette histoire divine ; il en est, si je l’ose ainsi dire, le seul héros ; les conquérants n’y paraissent que comme les ministres de ses volontés. Enfin ces livres divins tirent le voile de la Providence, etc. » (Œuvres, nouv. édit. Paris, 1838, t. III, p. 752.)