nomme son livre des Memorabilia une histoire de l’Église[1] ; cependant ce ne peut être dans un sens rigoureux, puisque dans la préface de sa propre histoire il dit qu’il est le premier qui entreprenne d’écrire l’histoire de l’Église. C’est en lui, en effet, qu’à juste titre nous révérons le père de l’histoire ecclésiastique. Évêque de Césarée et l’un des hommes les plus influents de son temps, il composa, avec les matériaux depuis longtemps préparés de sa Chronique[2], son histoire ecclésiastique divisée en dix livres, et allant jusqu’à l’année 324. La faveur de Constantin le Grand lui ouvrit l’accès des archives de l’empire ; il les consulta avec zèle, les employa avec fidélité, et fit ainsi de son livre un trésor de notices précieuses et d’éclaircissements sur toutes les branches de l’histoire ecclésiastique. On regrette seulement qu’il n’ait pas toujours fait usage d’une critique suffisante[3] et que sa biographie de Constantin le Grand ne soit, pour ainsi dire, qu’un panégyrique. Eusèbe eut pour continuateurs, au milieu du Ve siècle, Socrate, avocat (scholasticus) à Constantinople ; son ouvrage (306-439) est écrit avec soin et exactitude, et dans un grand esprit de douceur. Une seconde suite d’Eusèbe fut entreprise (vers 446) par Hermias Sozomène, également avocat à Constantinople. Son style est plus tra-
- ↑ Le titre complet est probablement : Υπομνήματα τῶν ἐϰϰκησιαστιϰῶν πράξεων (Hupomnêmata tôn ekklêsiastikôn proxeôn), en 5 livres ; on n’en trouve que des fragments dans Eusèbe, Hist. eccl., II, 23 ; III, 16, 19 et 20 ; IV, 8, 22 ; et dans Photius, cod. 232, cf. 893. Il a été arrangé et commenté par Routh, Reliquiæ sacræ. t. I, p. 187 sq. Gallandii, Bibl. PP., t. II, p. VII, p. 59-67. Grabe, Spicilegium SS. PP., etc., ed. II. Oxon. 1700, t. II, p. 203-214.
- ↑ Euseb. Παντοδαπὴ ἱστορία (Pantodapê historia), Abrégé d’Hist. depuis le commencement du monde jusqu’à l’an 324. La chronologie est le but principal de l’auteur. Le texte grec est perdu : saint Jérôme nous en a donné une traduction latine libre. En l’année 1787, le savant moine arménien Aucher trouva, à Constantinople une version arménienne d’Eusèbe. Cf. T.-J. Scaliger, Thésaur. temporum Euseb. C. Hieronymi lat. interpretatione et suis animadv. Lugd. Batav., 1606 ; Amst., 1658 ; lat. ex cod. armen, edd. Anq. Majus et S. Zohrabus Mediolani, 1818, in-4 ; armen et latine ed. J.-B. Aucher. Ven., 1818, 2 vol. in-4.
- ↑ Mœller, de Fide Euseb. Hafn., 1813. Kestner, de Fide Euseb. auctoritate et fide diplom. Gœtt., 1817. Baur, comparatur Euseb. Hist. eccles. parens cum parente historiar. Herodoto. Tub., 1834, in-4.