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la révélation primitive[1]. Pour comprendre comment le sentiment de la Divinité et la vie religieuse en général se sont développés parmi les païens, il faut peser à la fois les deux opinions opposées qui se sont formées à cet égard dans le sein du Christianisme.

Les uns ne veulent admettre rien de vrai dans la connaissance, rien de divin dans la vie religieuse des païens. Tout, à leur avis, est d’origine satanique, et dès lors il n’y a plus de capacité dans le paganisme pour la doctrine chrétienne ; ce que contredit évidemment la propagation du Christianisme parmi les païens. Les autres prétendent que le paganisme est un état parfaitement conforme à la nature de l’homme, un degré nécessaire du développement de l’esprit humain, et qui devait le préparer et l’amener au Christianisme ; ce que contredit à son tour l’Évangile, qui, montrant partout comme fausse et contraire à Dieu la voie suivie par les païens, les appelle à la pénitence, à une vie nouvelle, à dépouiller le vieil homme, à revêtir le nouveau, et à reconquérir ainsi, par leur fidélité à cette doctrine régénératrice, leur état et leur rang primitifs. Ces deux opinions extrêmes résultent, entre autres, de ce que l’on isole complètement le paganisme, sans tenir compte de son influence sur la civilisation générale. D’accord avec les doctrines de l’Église catholique, le juge impartial doit donc reconnaître à la fois, dans le paganisme, les erreurs contraires à la nature de Dieu et de l’homme, et les semences de vérité divine qui rendaient le païen capable de recevoir, de comprendre le Christianisme et d’être relevé jusqu’à sa ressemblance avec son divin Créateur. D’après cela, nous pouvons donner comme avéré ce qui suit.

L’homme déchu, séparé de Dieu, s’égara jusqu’à glorifier la nature et adorer la créature en place du Créateur[2]. Dans cette substitution de la nature à la Divinité, l’idée de

  1. C’est aussi le résultat des recherches de Gœrres, Schelling et Creuzer. Ce dernier s’exprime ainsi dans sa Symbolique (t. I, p. 11 et 12, 2e édit) « Je maintiens sans restriction ma thèse principale, d’un monothéisme primitif pur, vers lequel convergent toutes les religions, quelque brisés, quelque pâles que soient les rayons qu’elles ont reçus du Soleil éternel. »
  2. Rom. I, 28.