AU TEMPS DE LA NAISSANCE DU CHRIST.
§ 24. — Du paganisme en général.
Non-seulement le Christianisme suppose, mais toute histoire impartiale reconnaît nécessairement que l’homme, sortant des mains du Créateur, était dans une position plus élevée, avait des tendances spirituelles plus pures, vivait dans un rapport plus intime et plus constant avec Dieu, qu’après sa chute. Rien de plus évident que le souvenir de l’innocence de l’homme primitif, conservé dans les plus anciennes traditions des peuples et les plus antiques poëmes sur l’âge d’or de l’humanité. À ce souvenir heureux, se rattachait presque partout aussi la conscience d’une faute, d’un crime contre les dieux, qui causa la perte de la félicité originelle et amena les maux sous lesquels l’humanité a gémi ensuite.
Le Christianisme attribue au péché du premier homme la perte de cette innocence. La plupart des religions anciennes ont également conservé la mémoire de cette faute première, qui affaiblit dans l’homme le sentiment vivant de la Divinité, ternit en lui l’intelligence des traditions du paradis perdu, et obscurcit à ses yeux la lumière brillante de